Une étude réalisée par l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) en partenariat avec l’organisation internationale Solidarity Center entre le mois d’avril et le mois de novembre 2017 sur un échantillon de 210 femmes travailleuses de toutes les régions du pays a révélé que 81% des femmes interviewées ont déclaré avoir été victimes de violence psychologique.
La même étude ayant pour thème la violence fondée sur le genre social en milieu de travail et dont les résultats ont été présentés jeudi au siège de l’UGTT lors d’une conférence organisée à l’occasion de la journée internationale de la femme, a démontré que 68% des femmes interviewées ont été victimes de violence économique, 30% ont été victimes d’harcèlement sexuel et 26% ont subi une violence physique.
Dans une déclaration aux médias, Hend Charrouk, directrice du bureau de Solidarity Center de l’Afrique du Nord et du Maghreb Arabe a indiqué que sur les 210 femmes interviewées réparties sur tous les secteurs d’activité, 175 ont répondu au sondage et 35 se sont abstenues vu la sensibilité du sujet.
Elle a ajouté que 15 femmes interviewées sont porteuses de handicap et 28 femmes victimes de violence ont déclaré avoir porté plainte contre leurs violeurs.
L’intervenante a signalé que le premier responsable au travail est l’auteur principal des actes de violence, suivi des responsables hiérarchiques.
De son côté, Habiba Sellini, coordinatrice du bureau national de la femme ouvrière au sein de l’UGTT a souligné, dans une déclaration à l’agence TAP, que l’étude a montré que la femme en milieu de travail est confrontée à toutes les formes de violence de la discrimination aux niveaux de la promotion, le recrutement et la rémunération à la violence physique et sexuelle.
D’après la responsable syndicale, la forme de la violence change par rapport à son niveau intellectuel, puisque généralement les femmes cultivées sont victimes de discrimination aux niveaux des promotions et des recrutements tandis que les femmes d’un niveau intellectuel limité sont, dans plusieurs cas, victimes de violence physique et sexuelle.
Habiba Sellini a ajouté que l’auteur de la violence exercée sur la femme est parfois une femme et pas nécessairement un homme signalant que la victime n’est pas seulement la femme mais la violence peut atteindre aussi les enfants et ce, essentiellement moralement.
Dans ce contexte, l’intervenant a souligné l’importance de dénoncer tous les actes de violence soulignant le soutien de l’UGTT à toutes les femmes confrontées à de telles difficultés.
“Aujourd’hui, il est grand temps de dénoncer ces violences et les femmes n’ont pas à avoir peur car la loi les protège et les structures syndicales sont là pour leur trouver des solutions selon leurs situations”, a-t-elle souligné.
Elle a, en outre, signalé que l’UGTT a entamé une campagne de plaidoyer, en collaboration avec tous les syndicats du monde, pour que la Tunisie ratifie la convention sur l’élimination de la violence fondée sur le genre en milieu de travail réalisée par l’organisation internationale du travail.
Pour sa part, Naïma Hammami, membre du bureau exécutif de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a souligné l’existence d’un écart important entre la législation et la réalité appelant à garantir des mécanismes et des institutions qui permettent d’alléger les charges de la femme qui travaille plus de 16heures par jour entre le travail et les tâches domestiques et familiales.
Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité de partager les responsabilités au sein de la famille et d’améliorer la situation des femmes dans le secteur agricole qui demeurent moins payées que les hommes alors qu’ils assurent les mêmes tâches.
Naïma Hammami a souligné qu’il convient de changer les mentalités et de renforcer les compétences et l’autonomisation des femmes afin qu’elles occupent leurs missions de façon effective et ne soient pas de simples figurines.