Des médecins, des responsables de programmes nationaux de santé, d’institutions onusiennes, de la société civile et des jeunes débattent aujourd’hui et demain à Tunis l’efficacité et les résultats des programmes nationaux de santé ciblant les adolescents et les jeunes dans l’objectif d’identifier les dysfonctionnements et les priorités pour mettre en place une stratégie nationale globale et multisectorielle visant la promotion de la santé maternelle, néonatale, infantile et de l’adolescent (SMNIA).
Organisé à l’initiative de la direction de la médecine scolaire et universitaire, cet atelier vise à présenter l’état d’avancement de la politique nationale relative à la SMNIA, discuter l’ébauche de la revue des programmes de santé ciblant les adolescents et les jeunes, cerner les forces, les faiblesses et les opportunités de l’offre des prestations de santé ciblant les adolescents et les jeunes, aboutir à un consensus sur les enjeux et les priorités et déterminer les orientations stratégiques et les interventions prioritaires, selon Dr. Ahlem Gzara Zargouni, directrice de la médecine scolaire et universitaire au ministère de la santé.
D’après l’intervenante, l’enquête GYTS 2017 réalisée auprès de collégiens âgés entre 13 et 15 ans sur le tabagisme en milieu scolaire a montré une stabilité autour de 7% d’enfants tabagiques. ” Elle a aussi révélé que l’âge de la première cigarette est inférieur à 10 ans pour le tiers de ces fumeurs. Ce qui est un âge très précoce “, a indiqué Dr. Gzara signalant que l’enquête MedSPAD 2017qui s’est intéressée à la tranche d’âge 15-17 ans (les lycéens en 1ère année et 2ème année secondaire) a aussi montré une augmentation de l’accès aux drogues.
Dans ce contexte, la responsable a signalé que pour les conduites à risque, il existe actuellement des séances d’éducation sanitaire à travers des campagnes de sensibilisation, des clubs de santé et des cellules d’information conseil en matière de santé de la reproduction qui existent au niveau de plusieurs établissements universitaires mais pas de manière suffisante et leur nombre est très limité dans les collèges et lycées et ce, en raison du manque de ressources humaines notamment les sages femmes.
De son côté, Dr. Rym Fayala, représentante assistante du Fonds des Nations Unies pour la population en Tunisie a souligné la nécessité de coordonner et d’unifier les efforts pour éviter les duplications et maitriser la gestion des programmes, rappelant que les adolescents et les jeunes ont été placés au cœur de l’agenda de développement durable à l’horizon 2030.
Elle a fait remarquer que le taux de toxicomanie au cannabis chez la tranche d’âge 15-17 ans a augmenté de 2010 à 2017 de 1,7 à 3,8%.
” Chez cette même tranche d’âge, 22% sont tabagiques et 21% des jeunes âgés entre 15 et 24 ans disent qu’ils ont été victimes de violence physique “, a-t-elle ajouté, signalant que les jeunes ont aussi de mauvaises connaissances sur les services de santé sexuelle et reproductive et ne savent pas comment se protéger contre le VIH Sida et quels sont les moyens de contraception.
Pour sa part, Dr. Dorra Bousnina, responsable de la santé maternelle et infantile au ministère de la santé a souligné que le premier atelier national sur la SMNIA organisé en février 2017 a identifié une série de priorités dont la prévention des comportements à risque, la prévention des maladies non transmissibles, le renforcement du suivi, de l’évaluation et de la recherche et la promotion d’un environnement favorable pour une bonne santé des adolescents et des jeunes.
Dans ce cadre, elle a souligné que les jeunes tunisiens âgés entre 10 et 24 ans (soit le tiers de la population totale) ont des besoins spécifiques qui ne sont pas encore suffisamment pris en compte comme l’accès aux services de santé et la prévention appropriée et de qualité, rappelant que la stratégie mondiale de la santé de la mère, de l’enfant et de l’adolescent souligne que d’ici 2030 chaque femme, chaque enfant et chaque adolescent doivent jouir de leur droit à la santé et au bien-être physique et mental, avoir des perspectives sociales et économiques et peuvent participer pleinement à l’édification de sociétés prospères et pérennes.
S’exprimant à cette occasion, Imed Hammami, ministre de la santé a souligné l’importance d’élaborer des politiques publiques et des lois pour lutter contre le tabagisme et l’addiction sous toutes ses formes et de renforcer la culture de la santé reproductive et sexuelle chez les jeunes.
” Malgré les importants acquis, la Tunisie est confrontée à plusieurs nouveaux défis qui menacent la santé des jeunes comme le tabagisme, l’obésité, l’addiction électronique, l’absence de prévention des maladies sexuellement transmissibles, la grossesse non désirée et le manque de connaissances “, a-t-il reconnu.
Hammami a souligné l’engagement du ministère de la santé à mobiliser tous les moyens pour promouvoir la santé des enfants et des adolescents en mettant en œuvre tous les objectifs qui seront fixés en consensus entre tous les intervenants dans le domaine.