Lance Armstrong avoue s’être dopé

lance-armstrongLance Armstrong, déchu à l'automne de ses sept titres au Tour de France, a mis fin à une dizaine d'années de farouches dénégations en avouant s'être dopé, lundi lors d'une interview télévisée enregistrée à Austin (Texas, sud), a indiqué le journal USA Today.

Devant la star de télévision Oprah Winfrey, l'ancien cycliste américain est passé pour la première fois aux aveux, mais leur teneur n'est pas été précisée par USA Today, qui cite une source anonyme.

Armstrong aurait reconnu avoir commencé à se doper au milieu des années 90, avant son cancer, détecté en 1996. De son côté, le New York Times, qui cite également lundi une source anonyme, indique qu'Armstrong serait prêt à témoigner contre des dirigeants de la Fédération internationale de cyclisme (UCI), comme le Néerlandais Hein Verbruggen, son président de 1991 à 2005, et l'Irlandais Pat McQuaid, son successeur, ainsi que contre des dirigeants de l'US Postal mais pas contre d'anciens coureurs. Interrogé par l'AFP, Mark Fabiani, un porte-parole d'Armstrong, n'a pas souhaité réagir. "Nous nous sommes mis d'accord avec l'équipe d'Oprah pour ne faire aucun commentaire jusqu'à la diffusion (jeudi) de l'interview et nous respecterons cet accord", a-t-il indiqué.

Après l'entretien, Oprah Winfrey a expliqué sur son compte Twitter que la rencontre avait duré plus de deux heures et demie et qu'elle avait eu en face d'elle un Armstrong "prêt" à parler, sans donner plus de détails. La reine de l'audimat aux Etats-Unis devait être l'invitée d'un show matinal mardi sur CBS pour promouvoir l'émission qui sera diffusée jeudi soir aux Etats-Unis, soit 02h00 GMT dans la nuit de jeudi à vendredi. Il s'agit de la première interview du Texan de 41 ans depuis qu'il a été officiellement déchu en octobre de ses titres au Tour de France (1999-2005) et radié à vie après que l'Agence américaine antidopage (Usada) l'eut accusé d'avoir activement participé au "programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l'histoire du sport" au sein de l'équipe US Postal. Ces aveux mettent fin à plus d'une décennie de démentis malgré des accusations de plus en plus précises au fil des ans. En juin, quand l'Usada l'a mis en accusation, Armstrong expliquait encore: "Je ne me suis jamais dopé et, contrairement à nombre de mes accusateurs, j'ai fait du sport d'endurance pendant 25 ans sans pic de performance et passé près de 500 contrôles antidopage sans jamais avoir été contrôlé positif." "J'aurais préféré qu'il fasse cela lors d'émissions (sérieuses) comme +Face The Nation+ ou +Meet the Press+ où il aurait eu des questions virulentes", a indiqué à l'AFP Dick Pound, l'ancien président de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

"Si les questions (de Winfrey) ne sont pas assez dures, peut-être que le public sera encore plus agacé et sa tentative de se racheter aura échoué." En passant aux aveux, Armstrong chercherait notamment à obtenir auprès des autorités antidopage une réduction de sa suspension à vie. Depuis les sanctions de la justice sportive, Armstrong a perdu la plupart de ses sponsors et a dû couper les ponts avec Livestrong, la Fondation de lutte contre le cancer qu'il avait créée en 1997 après avoir vaincu la maladie et qui a levé plus de 500 millions de dollars pour cette cause. Quelques heures avant l'interview, la star déchue était allée présenter ses excuses auprès des membres de Livestrong à Austin. "Lance est venu au siège de la Fondation Livestrong aujourd'hui (lundi) pour une entrevue privée avec nos membres et s'est excusé sincèrement pour les moments pénibles qu'ils ont vécus à cause de lui", a déclaré une porte-parole de l'association, Rae Bazzarre, sans autres précisions.

Les aveux de celui qui fut pendant sept ans l'impitoyable patron du peloton du Tour de France pourraient avoir de nombreuses ramifications judiciaires. Il s'expose à des poursuites pénales qui pourraient le conduire en prison, selon certains juristes, notamment pour parjure. L'ancienne sprinteuse Marion Jones, qui avait avoué s'être dopée devant Oprah Winfrey en 2008, avait passé six mois en prison pour avoir menti aux enquêteurs fédéraux.

DI/TAP