En sortant du bureau de Mustapha Ben Jaafar, Amira Yahyaoui saisit son téléphone. Connectée en permanence, elle «tweet» la rencontre du groupe OpenGov, le 14 mai, avec le président de l’Assemblée constituante, qui demande plus de transparence et la publication des PV. « La révolution a connu l’arrêt de la censure, maintenant reste le problème de l’accès à l’information essentiel à la démocratie », commente-t-elle.Pétillante, perchée sur ses petits talons, difficile de croire que derrière ce sourire franc, Amira Yahyaoui a défié la dictature. Activiste sur le net sous Ben Ali, elle collaborait, anonymement comme tous les membres, avec le site internet satirique TUNeZINE, fondé par son cousin Zouheir Yahyaoui, qui deviendra en 2005 le premier martyr de la liberté sur Internet.
«Un jour, il y avait des élections, je ne sais plus lesquelles, et je me suis retrouvée face à lui, personne ne savait qui était qui», se souvient-elle, avec un tendre sourire. Elle dévoile son identité, comme tous ceux de TUNeZINE, lors de l’arrestation de Zouheir en 2002. «On n’avait plus rien à perdre», lâche-t-elle. Jouer le tout pour le tout.
Elle voulait toujours aller plus loin, frapper plus fort. Les bloggeurs ? Elle avoue les avoir «méprisés». «Je trouvais qu’ils donnaient beaucoup de crédit à la censure. C’était juste une manière de dire qu’ils faisaient quelque chose, comme pour l’action de la page blanche. Mais cela a créé une fissure entre les activistes et les », concède-t-elle. Jusqu’au jour où l’envie d’aller sur le terrain, le ras-le-bol de cette «cybervie», commence à se faire sentir. «Il fallait se rassembler surtout».
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