2015 a été la seconde année la plus meurtrière de la dernière décennie avec 115 journalistes tués, a relevé le rapport 2016 de la directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) sur la sécurité des journalistes et le danger d’impunité.
Pendant la seule période 2014-2015, la directrice générale de l’UNESCO a condamné l’assassinat de 213 journalistes, précisant que quelque 827 assassinats ont été recensés en dix ans (janvier 2006-décembre 2015).
Le rapport dont la publication coïncide avec la célébration, le novembre, de la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, traite exclusivement des violations les plus graves, à savoir des assassinats de journalistes, qui sont la forme ultime de censure.
Selon le même rapport, un décompte par régions montre que les Etats arabes ont été les plus touchés par les assassinats de journalistes au cours de la dernière période 2014/2015, avec 36,5 % du total des cas (78 assassinats). Cela s’explique en grande partie par les conflits en cours en République arabe syrienne, en Iraq, au Yémen et en Libye.
En Tunisie, l’unité d’observation relevant du Centre de Tunis pour la liberté de la presse a fait état de plus de 600 agressions commises contre des journalistes et des institutions médiatiques, entre 2012 et 2015.
L’ancien président de l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication, Kamel Laabidi, explique ces violations dont font l’objet les journalistes, par l’absence d’une réelle volonté politique de sanctionner les agresseurs.
Selon Laabidi, ces violations constituent également “une atteinte au droit du citoyen à l’information, à l’expression et à la participation dans la vie publique, partant du fait que la mission du journaliste consiste à informer l’opinion publique”.
De son côté, Khemaies Arfaoui, membre du bureau exécutif du syndicat national des journalistes tunisiens, pointe du doigt certaines problématiques liées à l’absence de preuves palpables attestant de la véracité de ces violations et dénonce des lacunes ayant trait à l’application des décrets 115 et 116.
A noter que des associations actives en matière de défense des droits de l’Homme ont, dans une déclaration commune publiée, mardi, mis en garde contre l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes.
“L’impunité pour ces crimes menacent les institutions de l’Etat voire même l’ensemble de la société et risque de compromettre la liberté d’expression et le droit du citoyen à l’information”.
Lors de sa 68ème session, en 2013, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté une résolution qui proclame le 2 novembre ” Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes “. Cette résolution a exhorté les Etats Membres à mettre en place des mesures précises afin de lutter contre l’actuelle culture d’impunité. La date a été choisie en mémoire de l’assassinat de deux journalistes français au Mali le 2 novembre 2013.