La militante des droits de l’Homme et membre fondatrice du CPR (Le Congrès pour la République), Naziha Rejiba alias Om Zied a accordé une interview à notre confrère la Presse de Tunisie.
A la question « Qu’est-ce qui vous a amenée au militantisme ? » Om Zied répond « J’ai écouté des histoires de prisonniers qui ont été divorcés de force ou qui ont été torturés. Tous ces drames-là m’ont imprégnée et une fois que j’en ai pris conscience, je me suis retrouvée engagée dans la tourmente du militantisme, de la résistance et de l’écriture »
Interrogée ensuite sur son combat avant et après le 14 janvier, la militante des droits de l’Homme déclare « Oui parce que ce n’est pas fini, on doit confirmer, voire consolider nos libertés, voilà qu’on mène toujours le même combat. Mais par moments, j’ai le sentiment, désagréable, de refaire ce que je faisais avec Ben Ali et de subir ce que je subissais sous Ben Ali, quand par exemple on me traite de tous les noms sur Facebook et de «vieille mécréante». Mais, je me demande à qui profite le crime ? »
A propos des libertés en Tunisie, la journaliste Naziha Rejiba réplique « La femme demeure, pour le moment, la meilleure garante contre les dérives, car s’il y a vraiment un programme obscurantiste qui se profile à l’horizon, le meilleur paravent en sera la femme parce qu’elle perdra ses acquis… La meilleure garantie pour sauvegarder la liberté, c’est de la pratiquer…
“Je suis, par exemple, contre le procès intenté à la chaîne privée Nessma Tv, mais aussi contre la diffusion du film Persepolis, surtout à ce timing-là, lequel a contribué à faire gagner près de 15% de voix au parti Ennahdha…Proférer des insultes sur les colonnes des journaux ne fera que choquer la société tunisienne qui reste conformiste.”
Om Zied se montre indignée contre le retour de l’utilisation de la violence contre la liberté de manifester (le 9 avril, El Mallaha, les blessés de la Révolution, les chômeurs en déclarant: » J’espère que le gouvernement comprendra que la politique des deux poids deux mesures ne sert à rien et que la loi doit être appliquée, ce qui en dissuadera plus d’un. J’aurais aimé que le gouvernement convainque et séduise la société grâce aux réalisations économiques, à des avancées dans plusieurs domaines et à la tolérance, surtout qu’il se présente comme le garant de la transition démocratique”.
Concernant les médias et le sit-in devant le siège de la télévision nationale, Om Zied réplique « Il y a quelques jours, j’ai entendu le président Moncef Marzouki adresser, sur El Jazeera-live, un chapelet d’insultes aux médias et à l’opposition. Etant une ex-amie de Marzouki , je me suis sentie visée. En parlant de la télé nationale, il a dit que le peuple est devant le siège de la télé tunisienne pour la «purifier». Ainsi M. Moncef Marzouki appelle ces fanatiques le peuple tunisien. On ne peut pas désigner une quarantaine de personnes à qui de luxueuses voitures apportent, midi et soir, des plats chauds, comme étant le peuple tunisien…,”
“Moncef Marzouki, je n’ai plus rien à lui dire, je suis opposante, je ne lui dis pas, je dis de lui”.
“Après les élections, j’ai remarqué que les médias publics ont pris leurs distances et ont commencé à faire leur boulot de médias indépendants”
A la question “Que pensez-vous des fusions récentes entre les partis qui ont donné naissance au parti El Joumhouri et à El Massar ou la Voie démocratique et sociale. Et que dites-vous de l’initiative Béji Caïd Essebssi «, Om zied répond “Ce serait triste et dramatique qu’au lendemain d’une Révolution, on se retrouve à choisir entre deux projets ou deux modèles passéistes, Ennahdha et le Destour. Or la Tunisie post révolutionnaire a dépassé sa période Destour et a besoin d’une 3e force.”
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