Le président de l’instance nationale pour la prévention de la torture (INPT), Fathi Jarray, a déclaré, dimanche à la presse, qu’en dépit de toutes les garanties légales en place pour protéger les prisonniers et les détenus et malgré la ratification de la plupart des conventions contre la torture, ce fléau préoccupant existe toujours en Tunisie même s’il a enregistré un relatif déclin au fil des années.
Prenant part à une marche organisée à l’occasion de la célébration de la Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture qui est partie du tribunal de première instance de Bab Banat en direction de l’ancien siège de la prison du 9 avril, Jarray a ajouté que la Tunisie qui est un pays qui a choisi la voie de la démocratie, qui dispose d’instances de défense des droits de l’homme et qui a ratifié la plupart des conventions et instruments internationaux, est censé être un pays où la torture n’existe pas et qui veille à poursuivre tout individu suspecté de torture.
La torture, a-t-il dit, s’est poursuivie après le 25 juillet 2022 car il s’agit, selon lui, d’une pratique très répandue malgré les garanties juridiques, estimant que les forces de sécurité ont encore besoin de formation et d’une nouvelle culture basée sur la sécurité républicaine et les droits de l’homme qui veille à l’application de la loi sans aucune forme de mauvais traitement ni de torture.
Il a souligné que la plupart des violations sont commises durant les premières heures de détention ce qui démontre que le recours à la torture reste une technique pour extorquer des aveux, ce qui est contraire, selon lui, à la loi et aux principes des droits de l’homme, voire à l’éthique professionnelle.
Selon jarray, aucun jugement dans des affaires de torture n’a été prononcé, faisant savoir que l’INPT a intenté une centaine d’actions en justice pour torture et mauvais traitements de procureurs territorialement compétents, soulignant que la longueur des procédures judiciaires favorise l’impunité.
Pour sa part, Oussama Bouajila représentant de l’Organisation Mondiale de lutte contre la torture a déclaré que la torture se poursuit en Tunisie et cible, en particulier, les défenseurs des droits de l’homme et les catégories vulnérables.
Il existe, a-t-il dit, une forte hausse des violations et atteintes aux droits de l’homme, dans un climat favorable à l’impunité, et en l’absence de toute volonté politique qui donne le moindre signe d’une ferme détermination à éliminer ce fléau, appelant toutes les forces vives, l’ensemble des composantes de la société civile et les citoyens à conjuguer leurs efforts pour combattre ce genre de pratiques.
L’Assemblée générale, par sa résolution du 12 décembre 1997, a déclaré le 26 juin Journée internationale des Nations Unies pour soutenir les victimes de la torture et lutter contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
C’est une occasion pour appeler toutes les parties prenantes, y compris les Etats Membres des Nations Unies, la société civile et les individus du monde entier, à s’unir pour soutenir les centaines de milliers de personnes dans le monde qui ont été victimes de la torture ou le sont encore aujourd’hui.