Tous les Tunisiens de retour des zones de conflit seront judiciarisés à leur arrivée sur le territoire national, à l’exception des enfants de moins de 13 ans accompagnant leurs parents, a fait savoir Mokhtar Ben Nasr, président de la Commission nationale de lutte contre le terrorisme (CNLCT).
” Le nouveau gouvernement devrait accueillir les ressortissants Tunisiens de retour des foyers de tension, conformément aux engagements internationaux de la Tunisie “, a-t-il ajouté, lundi 18 novembre à Tunis, en marge d’une conférence sous le thème ” Genre et extrémisme violent en Afrique du Nord : à la racine du problème “.
D’après Ben Nasr, la Tunisie a, d’ores et déjà, accueilli quatre personnes, de retour des foyers de tension avec le concours des pays qui se sont engagés à aider la Tunisie dans ce domaine, sans les citer. ” Des négociations sont actuellement en cours pour accélérer le rappariement de cinq autres tunisiens, soupçonnés de terrorisme “, a-t-il ajouté.
Ben Nasr s’est voulu rassurant concernant le spectre d’un retour en Tunisie de ressortissants soupçonnés de terrorisme qui profiteraient de l’offensive turque dans le nord-est de la Syrie et de la chute de l’organisation de l’Etat Islamique dite ” Daech “.
” Il n’y a aucune raison de s’inquiéter “, a assuré Ben Nasr, accusant certains médias de gonfler cette question et d’inquiéter la population avec des propos erronés et irréfléchis.
Pour lui, ce sujet ne devrait pas être instrumentalisé à des fins politiques ou sociales dans la mesure où toute personne qui arrive sur le sol tunisien en provenance des zones de conflit sera incarcérée ou placée en garde à vue.
“C’est un sujet que nous suivons de très près et je veux rassurer toute la population qu’il n’est pas question de voir un seul ressortissant tunisien arriver sur le sol national sans être judiciarisé “, a-t-il affirmé.
Et d’expliquer: ces personnes sont prises en charge immédiatement par la justice à leur arrivée. Pour les majeurs, bien évidemment, c’est la case prison ou la garde à vue, a précisé Ben Nasr. Les enfants de moins de 13 ans sont quant à eux immédiatement pris en charge par l’Etat en cas de perte des parents.
Par ailleurs Ben Nasr a souligné que le gouvernement mène actuellement des efforts pour assurer le rapatriement des enfants bloqués en Libye. Ces enfants, a-t-il expliqué, auraient pu rejoindre la Tunisie, il y a quelques temps, mais leur rapatriement a été reporté, à maintes reprises, à cause des combats qui faisaient rage dans ce pays.
Pour les participants à cette rencontre, outre les hommes, les femmes pourraient aussi être impliquées dans des groupes extrémistes violents, les soutenir et aller jusqu’à commettre des actes de violence. En même temps, elles peuvent également contribuer de manière agissante aux opérations de prévention de l’extrémisme violent et de terrorisme.
Selon une étude sur le genre et l’extrémisme violent en Afrique initiée par ONU Femmes, des profils multiples de femmes recrutées par des groupes extrémistes sont identifiés et jouent un rôle majoritairement secondaire d’aides logistiques et d’accompagnement mais aussi de leaders et d’activistes sur le terrain. ”
Ils ont appelé à accorder une importance accrue au rôle de la femme dans la lutte contre l’extrémisme et la diffusion d’un message de paix et de tolérance.
Par ailleurs, les participants ont invité les autorités tunisiennes à prendre au sérieux les signalements lancés par les parents concernant une éventuelle radicalisation de leur enfant. Ils ont évoqué le cas d’Olfa Hamrouni, mère de Rahma et Ghofrane Chikhaoui, deux adolescentes ayant quitté la Tunisie pour aller combattre aux côtés de Daech en Syrie.
D’après eux, cette mère a publiquement reproché aux autorités tunisiennes de ne pas parvenir à temps pour empêcher sa fille Rahma de quitter la Tunisie.