Le roman possède cette capacité de changer l’individu et d’influencer les élites, ont souligné les romanciers ayant participé, jeudi, à la première séance de la Rencontre de Tunisie sur le Roman Arabe, organisée, dans la Maison du Roman à la Cité de la Culture.
Dans le cadre de la première édition de cette Rencontre qui se poursuit jusqu’au 5 mai et placée sous le thème ” Le Roman : la capacité de changer “, les romanciers ont débattu dans le premier axe de cette rencontre de la valeur du roman et sa capacité à créer le changement au sein des sociétés.
A ce propos, le romancier libanais, Rachid El Daif a posé, dans son intervention, la problématique d’évaluer la capacité d’influence du roman dans les sociétés arabes même si il y a une possibilité de déterminer le volume des romans vendus.
Pour El Daif, contrairement à l’état des lieux au 19ème siècle et au début du 20ème siècle, la diversité des modes artistiques et la présence croissante des réseaux sociaux dans la vie quotidienne rendent difficile l’évaluation de l’influence des romans dans la société contemporaine arabe.
Le romancier tunisien Habib Selmi a, quant à lui, souligné l’intérêt porté au roman dans le monde arabe grâce à son évolution et sa démocratisation.
Le mérite de l’essor du roman revient aussi, selon ses propos, à la création de plusieurs prix prestigieux comme le prix international du roman arabe Booker qui propulse les ventes des livres, a fait savoir Selmi, en ajoutant que la prise de conscience du lecteur arabe de son individualité a aussi participé à l’évolution du genre romanesque qui reste ” l’art de l’individu par excellence “. Selon lui, le roman participe au développement des sociétés en agissant positivement sur l’individu et en contribuant à la prise de conscience de l’élite.
De son côté, l’égyptien Ibrahim Abdelmajid a insisté sur la quête d’un monde meilleur et utopique toujours recherché par l’écrivain dans l’écriture de son roman.
En plus de la contribution à la construction d’une opinion publique auprès de l’élite arabe, le roman est ” un refuge ” pour le lecteur qui fuit une réalité souvent difficile, a-t-il mentionné tout en précisant que l’influence actuelle du roman se traduit aussi par les citations reprises à grande échelle dans les réseaux sociaux par les jeunes lecteurs.
Partant de la situation du roman dans la société tunisienne, la romancière Messaouda Boubaker a passé en revue les différents obstacles du roman tunisien : la difficulté d’accès aux livres dans les régions du sud et les régions enclavées, le manque d’émissions télévisées spécifiques à la littérature et l’absence de programmes pédagogiques incitant à la lecture et à la promotion du roman tunisien.