Le discours du chef du gouvernement désigné Youssef Chahed ce vendredi lors de la séance de vote de confiance au gouvernement à l’hémicycle du Bardo, a suscité des avis
partagés entre les députés ayant apprécié son approche de communication qui “rompt avec celle du gouvernement Essid” et ceux jugeant que son discours “n’a rien apporté de nouveau”.
Alors que des députés ont salué dans des déclarations à l’agence TAP, le fait que Youssef Chahed “a pris ses responsabilités et envoyé des signes positifs lors de la présentation des principales questions”, d’autres ont affirmé que les questions soulevées exigent des mesures que le gouvernement n’a pas pris l’engagement de concrétiser.
Le député de Nidaa Tounes, Tahar Battikh a estimé que le discours du chef du gouvernement désigné “apporte un nouveau souffle du point de vue communicationnel” et est empreint “d’audace et de détermination” dans le sens ou il exhorte son équipe gouvernementale à conjuguer ses efforts et à appliquer la loi pour restaurer “le prestige de l’Etat”.
De son côté, Souheil Alouini (Bloc d’Al- Horra) a jugé que le discours de Youssef Chahed a marqué une mutation qualitative sur le plan de la communication dès lors qu’il a choisi de parler simplement au peuple ce qui a eu un écho favorable auprès des députés.
Pour lui, les priorités soulevées par Youssef Chahed sont contenues dans le Document de Carthage, ce qui implique que le bloc Al-Horra accordera sa confiance au gouvernement tout en veillant à contrôler son action à l’avenir.
Habib Khedher (Ennahdha) a indiqué que le discours du chef du gouvernement désigné a soulevé les principales questions et comporté des signes positifs, estimant que l’essentiel est de préconiser des mesures concrètes et de tenir les promesses.
Pour sa part, Ali Bennour (Afek Tounes) a qualifié d'”audacieux” le discours du chef du gouvernement désigné allant jusqu’à y voir un “discours de guerre”, reflétant la perception de la réalité par le peuple tunisien.
Selon Bennour, Chahed s’est démarqué par rapport à ses prédécesseurs en procédant par un diagnostic clair de la situation et en s’assignant la responsabilité d’y remédier, faisant remarquer que l’audace du discours requiert aussi les moyens de sa mise en œuvre.
Quant à Zied Lakdhar (Front populaire), il affirme ne percevoir aucune nouveauté dans le discours de Youssef Chahed qui, a-t-il estimé, sous-tend uniquement l’engagement à exécuter le plan quinquennal décidé par le gouvernement sortant.
Le chef du gouvernement désigné qui a fait montre de détermination à user de la force et de la loi pour faire face aux protestations, n’a, cependant, pas proposé de solutions aux problématiques à l’origine de ces protestations, ni avancé une position claire quant à la manière dont il entend traiter les engagements du gouvernement précédent envers les différentes institutions internationales, a soutenu Zied Lakdhar.
Le dirigeant du FP dit, également, déceler une nouvelle approche de communication dans le discours de Chahed qui, selon lui, a tenté de pallier les lacunes communicationnelles du chef du gouvernement sortant.
Ghazi Chaouchi (courant démocrate) estime, quant à lui, que le discours de Youssef Chahed, à l’image du document de Carthage, s’est arrêté aux grandes lignes et aux déclarations d’intentions sans avancer des décisions concrètes.
“Le gouvernement se doit de proposer des programmes et des réformes susceptibles de résorber les problèmes”, a-t-il souligné, faisant remarquer que le diagnostic de la situation établi par Chahed ne diffère pas de ceux qui l’ont précédé.
Selon le député, ce gouvernement n’est pas porteur de projet national comme l’exige l’étape actuelle et s’oriente vers le rétablissement du régime présidentiel plutôt que l’instauration d’un régime parlementaire modifié, annonçant que le courant démocrate n’accordera pas sa confiance au gouvernement Chahed.