Une éventuelle intervention militaire en Libye contre l’organisation auto-proclamée Etat islamique (Daech) continuait mardi de susciter la préoccupation de la classe politique tunisienne.
Interrogés par l’agence TAP à ce propos, la plupart des députés ont exprimé leur refus d’un tel scénario et leur inquiétude quant à ses conséquences sur la stabilité, la sécurité et l’économie de la Tunisie.
Nidaa Tounes est contre toute intervention militaire étrangère en Libye, a indiqué le député du parti Abdelaziz Kotti, ajoutant que la solution ne peut être que libyenne. Il faut aider les Libyens à former un gouvernement et renforcer leur armée dans son combat contre Daech, a-t-il plaidé.
Il s’agit pour la Tunisie de prendre toutes les dispositions nécessaires pour sécuriser ses frontières et anticiper un flux de réfugiés, a-t-il dit. Le député du mouvement Ennahdha, Néji Jmal, a dit pour sa part ne pas s’opposer à une intervention étrangère en Libye “si elle est approuvée par un gouvernement libyen”.
Aujourd’hui, a expliqué le député, “L’Etat Libyen n’est pas la capacité d’assurer la sécurité de ses frontières et de ses citoyens”, estimant qu’il est compréhensible de recourir aux Nations Unis pour faire face aux organisations terroristes.
De son côté, le député de l’opposition Zied Lakhdhar a fait part du refus catégorique du Front populaire de toute intervention militaire étrangère en Libye, estimant “douteux” de ne pas avoir fait participer la Tunisie, l’Algérie et le Maroc aux négociations sur la formation du gouvernement d’entente nationale en Libye.
Estimant qu’une intervention militaire serait “catastrophique”, il a appelé l’autorité tunisienne à faire leur possible pour éviter un tel scénario.
Le député du groupe “Al Horra” regroupant des dissidents de Nidaa Tounes, Abderraouef El May, a indiqué pour sa part que son groupe tient au principe bourguibien de “la non- ingérence”, avançant la proposition de mettre en place une “zone tampon” entre les deux pays pour assurer un contrôle d’identité des éventuels réfugiés.
Le député du mouvement Tunisie de la Volonté, fondé par l’ancien président Mohamed Moncef Marzougui, Imed Daimi, a critiqué “la mollesse” du gouvernement sur cette question, estimant qu’elle pourrait augurer d’un accommodement officiel de l’éventuelle intervention.
La solution à la crise en Libye passe par le soutien au futur gouvernement libyen, et par la coopération maghrébine dans le cadre d’un accord de défense, a soutenu Daimi.
Présidée par le chef du gouvernement Habib Essid, une réunion de la cellule de coordination sécuritaire et de suivi, qui s’était tenue plus tôt dans la journée au Palais de la Kasbah, a décidé le renforcement de la présence militaire et sécuritaire aux frontières.