«La valorisation du patrimoine national, matériel et immatériel, est en mesure d’offrir 400 mille emplois pour les jeunes tunisiens dont 80 mille parmi eux sont détenteurs d’un diplôme universitaire», a déclaré Abdelaziz Doulati, président de l’association tunisienne des sites et monuments historiques.
S’exprimant, vendredi, à Dar Ben Achour, lors d’une conférence intitulée «Y-a-il une stratégie pour sauver le patrimoine historique?», Doulati a également souligné l’importance de la valorisation du patrimoine dans les régions qui regorgent de monuments et sites historiques et leur apport dans la dynamique économique et sociale.
Il a lancé une alerte sur “l’état catastrophique et lamentable des sites archéologiques en Tunisie, avant et après la révolution”, estimant que “la crise du patrimoine culturel tunisien est à la base structurelle, en étroite relation avec le système général de fonctionnement de l’administration en charge du patrimoine tunisien”.
Il a fait savoir que le nombre de sites, monuments et musées exploités en Tunisie ne dépasse pas les 47 sites, ce qui est «minime» en comparaison avec la richesse du patrimoine national, ajoutant que “87 pc des touristes fréquentent les villes côtières contre 13 pc seulement pour les régions intérieures ce qui fait du «tourisme culturel, un produit qui dépend du tourisme balnéaire saisonnier”.
Les statistiques sur le nombre de visiteurs dans certains musées en 2013 montrent que l’affluence est restée «en deçà» des attentes/espérances, a-t-il souligné. Il a précisé à ce propose, que 905 touristes ont visité le musée de Chemtou (Jendouba), 1112 au musée de Nabeul et 865 au site de Makthar (Siliana) alors que seulement deux touristes ont visité le site de Madhya à Gafsa.
Il a également mis en garde sur ce qu’il appelle “le danger de la disparition du patrimoine immatériel”, estimant que “cela pourrait engendrer une régression du tourisme culturel”.
Pour la valorisation, la promotion et la relance du patrimoine culturel national, Doulati recommande la création d’un secrétariat d’Etat et d’un haut conseil qui prendront en charge le patrimoine culturel et favoriseront la décentralisation administrative.
Abdleaziz Doulatli, préconise pour cela, la création d’administrations départementales et régionales proches des sites historiques en partenariat avec le secteur privé pour la formation de promoteurs et des bureaux d’études spécialisées dans la restauration des musées.
“La réforme du cahier du patrimoine et la création de structures de coordination entre les différentes administrations intervenantes dans ce secteur”, sont aussi indispensables souligne encore Doulati, précisant que ces réformes concernent les ministères de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, du Tourisme, de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, de l’Equipement et de l’aménagement du territoire et du développement durable.
La conférence, rappelle-t-on, est organisée par l’association tunisienne des sites et monuments historiques en partenariat avec la bibliothèque de la Médina de Tunis à Dar Ben Achour.