Le président de la section du centre international de lutte contre la corruption en Afrique du Nord et au Moyen orient (MENA) et membre de la commission internationale de lutte contre la corruption Kamel Ayadi, a souligné, samedi, à Tunis, que l’organisation internationale de normalisation (ISO) émettra prochainement une nouvelle norme internationale de lutte contre la corruption.
Lors d’une rencontre avec la presse, sur “l’état des lieux de la corruption en Tunisie”, organisée dans le cadre de la célébration, le 9 décembre de chaque année, de la journée internationale de lutte contre la corruption, Ayadi a fait remarquer que la nouvelle norme revêt un caractère obligatoire et est applicable aux secteurs public et privé. Le rapport de l’organisation internationale de transparence (IT), publié le 3 décembre 2013, a classé la Tunisie au 77ème rang à l’échelle internationale concernant l’indice de perception de la corruption 2013 faisant perdre au pays 18 points par rapport à son classement en 2010.
Ayadi a fait part de sa grande crainte quant à l’absence de transparence au niveau des transactions financières des partis politiques et de la relation existant entre l’augmentation de la moyenne de la criminalité (contrebande, commerce des armes, financement du terrorisme et évasion fiscale) et le blanchiment d’argent.
L’expert a estimé, dans ce contexte, que les partis financent les associations pour blanchir l’argent, relevant, par ailleurs, l’absence d’intégrité dans le domaine des affaires. Il a ajouté que les banques tunisiennes ne sont pas habilitées à lutter contre le blanchiment d’argent en dépit des textes et règlementations nécessaires existant, assurant que la lutte contre ce phénomène est devenue un must pour mettre fin au crime et au terrorisme. IL a recommandé, dans ce cadre, de prendre des mesures pratiques pour faire face à la corruption, outre la promotion du civisme en général et la promulgation de mesures préventives, estimant que les lois à elles seules ne suffisent pas pour faire face à ce phénomène.
Le rapport de la corruption pour l’années 2013 (indice de la corruption) révèle que le secteur sécuritaire est en tête des secteurs les plus corrompus en Tunisie avec un taux de 51% suivi des membres de l’Assemblées Nationale Constituante (32%) et la justice (30%).
Par ailleurs, les résultats du sondage d’opinions réalisé, dans le cadre du projet de la justice internationale sous l’égide de l’ONU, entre les mois de février et de mai 2013, ont démontré que 69% des tunisiens estiment que le secteur sécuritaire occupe la première place en termes de corruption, suivi des partis politiques (66%), la justice (56%) et les médias (53%), tandis que l’armée occupe la dernière place avec un taux de 14%.
Ces résultats présentés à La haye (Hollande), en juillet 2013, ont révélé que 81% des tunisiens voient que la corruption s’est aggravée après la Révolution (17 décembre 2010/14 janvier 2011) tandis que 65% des sondés considèrent qu’ils n’ont pas de rôle à jouer dans la lutte contre la corruption.
Ayadi a fait remarquer qu’en dépit de ces chiffres, la Tunisie occupe toujours les meilleurs places dans la zone MENA en termes de corruption, soulignant qu’il s’agit d’un phénomène normal dans des pays qui passent par une transition démocratique. Kamel Ayadi a occupé le poste de secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’équipement, de l’habitat et de l’aménagement du territoire à la fin de 2004 du temps du président déchu Ben Ali et a été démis de ces fonctions le 10 mars 2006.