La majorité parlementaire à l’Assemblée nationale constituante a dit rejeter l’éviction du président Mohamed Morsi par l’armée égyptienne, et les arrestations qui ont touché les dirigeants politiques de son parti et du mouvement des Frères musulmans.
Pour les élus du groupe démocratique, du parti Nidaa Tounes et indépendants, par contre, la responsabilité de ce qui s’est passé incombe au président déposé Morsi et au mouvement des Frères musulmans.
La première vice-présidente de l’ANC, Meherzia Labidi, a déclaré, jeudi, que le message à adresser au commandement de l’armée égyptienne doit être «pour lui faire porter la responsabilité de l’intégrité des députés égyptiens».
Le président du groupe d’Ennahdha, Sahbi Atig, a pour sa part affirmé, jeudi, que ce qui s’est passé en Egypte «constitue une menace pour la démocratie dans le monde arabe, et une tentative de faire avorter le processus démocratique et rétablir l’ancien régime ».
“Le groupe d’Ennahdha condamne le coup d’Etat contre la légitimité incarnée par Mohamed Morsi et dénonce la légitimation de cet acte par les dignitaires religieux musulmans et chrétiens”, a déclaré encore Sahbi Atig.
Le porte-parole du groupe du CPR Haythem Ben Belgacem a indiqué que son groupe dénonce «le putsch militaire» et le tient pour «une tentative désespérée de rétablir l’ancien régime et un message dangereux à tous les peuples arabes», appelant dans ce sens, «à constitutionnaliser les droits de l’opposition en tant que garantie politique de construction de la démocratie».
«Nous ne voyons pas d’un bon oeil l’ingérence de l’armée dans les affaires politiques, encore moins le fait d’ouvrir la voie à un pouvoir militaire ou à l’avènement d’un Etat théocratique», a souligné le président du groupe d’Ettakatol, Mouldi Riahi, estimant encore qu’il aurait été préférable, pour les Egyptiens, de tenir un dialogue national pour surmonter les difficultés».
Les élus de l’opposition faisant partie du groupe démocratique constitué des partis Al-Joumhouri, Al-Massar, le Front Populaire, le parti «Al-Moubadara», du Parti des travailleurs, en plus des députés de Nidaa Tounes et autres élus indépendants, ont critiqué le pouvoir des islamistes en Egypte et en Tunisie, considérant que l’éviction du président Morsi constitue un retour au processus de la révolution.
Le député Mongi Rahoui a ainsi déclaré, au nom du groupe démocratique, que ce qui s’est passé en Egypte relevait de la correction de la trajectoire d’une révolution, un temps dévoyée et que le peuple égyptien a le droit de se la réapproprier.
En Tunisie aussi, il y a des revendications fondamentales mais il appartient aux gouvernants d’en décrypter le message, a-t-il ajouté. Pour l’élu Abdelaziz Kotti (Nidaa Tounes), le peuple égyptien s’est réapproprié sa révolution en destituant Morsi. «Vous êtes les précurseurs et nous finirons par vous emboîter le pas», s’est-il exclamé, accusant les élus d’Ennahdha de vouloir imposer leur main-mise sur la Constitution et noyauter les rouages de l’Etat. Il a imputé au mouvement Ennahdha et à ses alliés au pouvoir (Ettakatol et CpR) la responsabilité de la dégradation de la situation générale du pays, appelant à la formation d’un gouvernement de Salut national et d’une commission pour la réécriture de la Constitution. L’intervention de Abdelaziz Kotti a provoqué du charivari chez les députés de la majorité.