«Je suis triste d’être là aujourd’hui, c’est un procès politique», avait déclaré à son arrivée le patron de Nessma, Nabil Karoui. «C’est le procès de 10 millions de Tunisiens qui ont rêvé d’avoir un pays démocratique», a-t-il ajouté, alors que le tribunal de Tunis connaissait la cohue des grands jours. Nabil Karoui est poursuivi pour «atteinte aux valeurs du sacré, atteinte aux bonnes moeurs et troubles à l’ordre public» dans cette affaire qui a suscité violences et passions en raison d’une scène du film montrant Dieu, représentation proscrite par l’islam.
Libération
Pour moi, cela a été un choc. On est allé devant le tribunal parce qu’on a programmé un film qui avait pourtant reçu le visa de l’Etat tunisien pour être projeté en salle de cinéma et dont la version en dialecte tunisien a été financée par le ministère de la Femme en Tunisie et par ONU femme. J’étais triste de voir les terroristes et les voyous, qui ont pénétré chez moi et détruit ma maison, être relâchés, alors que moi, j’étais traîné devant le juge!
L’Express
Le parti islamiste Ennahdha, première force politique en Tunisie, a pris le parti de l’apaisement dans le procès “Persepolis”, une affaire qui a cristallisé depuis plusieurs mois les tensions entre camps laïc et religieux. Lors de la reprise du procès, lundi 23 janvier, à Tunis dans une ambiance électrique, Ennahdha a exprimé son “attachement à la liberté d’expression” et estimé que les poursuites judiciaires à l’encontre du patron de Nessma TV dans le cadre de l’affaire Persepolis “n’étaient pas la meilleure solution”.
Le Monde
Pour défendre Nessma, un collectif d’une quarantaine d’avocats, coordonné par deux grandes figures du combat pour les droits de l’Homme, Mokhtar Trifi (ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, LTDH ) et Radhia Nasraoui (opposante virulente à Ben Ali et présidente de l’Association contre la torture), sera appuyé par la FIDH (Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme) représentée par son vice-président, l’avocat iranien Karim Lahidji (proche de Shirin Ebadi), Amnesty International, Reporter sans frontières, Human Rights Watch, le Syndicat des journalistes tunisiens…
Rue89
La diffusion du film traduit en dialecte tunisien, le 7 octobre 2011, avait été suivie de protestations et de violences. Le 9 octobre, des groupes d’extrémistes avaient tenté d’attaquer le siège de la télévision à Tunis, obligeant le directeur à « s’excuser ». Le 14, des assaillants avaient jeté des cocktails Molotov contre les murs de sa résidence.
La Croix
L’audience a commencé pendant quelques minutes avant d’être suspendue en raison de la cohue et des altercations entre avocats, tandis qu’à l’extérieur pro et anti Nessma s’étaient mobilisés dès 08H00 du matin.
“Le peuple veut la fermeture de Nessma!” “Vous, médias, lâches, sachez que la religion ne doit pas être diffamée!”, “le peuple est musulman et ne cèdera pas!” criaient de jeunes salafistes.
AFP
Le plus inquiétant dans cet ensemble de dérapages est qu’il s’ajoute à une situation sociale critique dont certains tentent de tirer profits. On commence à entendre à la radio, lorsque l’antenne est ouverte aux auditeurs, que « c’était mieux sous Ben Ali. »
Courrier International