Tunisie – Assassinats Politiques : La révolte du Bardo

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Après les funérailles nationales de feu Mohamed Brahmi, assassiné le 25 juillet 2013, jour de la fête de la République au carré des martyrs au cimetière d’El-Jellaz de Tunis, où repose l’opposant de gauche Chokri Belaid abattu, le 6 février 2013, les voix se sont élevées appelant à rejoindre le Sit-In ouvert du Bardo, jusqu’à la “chute du gouvernement”, la “dissolution de l’Assemblée Nationale”, tout en appelant à la « la désobéissance civile».

Au Bardo, la manifestation et le Sit-In des membres de l’ANC a commencé par des affrontements violents avec une partie des forces de sécurité qui ont utilisé sans retenue le gaz lacrymogène.

Dans la soirée Les Sit-inneurs ont affirmés avoir obtenu l’autorisation légale de manifester dans l’ANC, mais des questions sont revenus en force sur l’existence d’unités infiltrées échappant au contrôle direct du ministre de l’intérieur. On parle notamment de situations où des forces de l’ordre se sont retrouvés face à face dans deux camps différents.

Dans la soirée le syndicat de la police a publié un communiqué dans lequel elle “exhorte les unités d’intervention à faire preuve de retenue dans l’utilisation de la force, à s’abstenir d’intervenir lors des Sit-in et des marches pacifiques et à protéger le droit de manifester de tous les citoyens.

Elle appelle également ces unités à la “désobéissance” en s’interdisant d’appliquer des instructions contraires à la loi et aux droits de l’homme et à rester neutre à l’égard de tous les partis politiques et à ne pas céder à l’instrumentalisation politique des forces de sécurité.

Dans ce même communiqué le syndicat de la police à pointer du doigt l’existence de membres et d’unités échappant au contrôle direct du ministre de l’intérieur en appelant à la “révision des nominations sécuritaires sur la base des critères de compétence, du professionnalisme et de l’expérience et non de ceux de l’allégeance et du favoritisme”.

 

Tôt ce matin des informations relayées sur les réseaux sociaux parlent d’interventions musclées pour disperser les manifestants, on parle d’utilisation intensive de gaz lacrymogène, on  parle également, encore une fois, de directives échappant complètement au ministre Lotfi Ben Jeddou.

Au cours de cette journée de dimanche 28 juillet on s’attend à une radicalisation des manifestations à Tunis, mais également dans plusieurs villes du pays, à des possibles démissions du gouvernement Laarayedh (le ministre de l’éducation avait annoncé sa démission, non encore confirmée officiellement), les regards vont surtout se diriger vers Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’intérieur. Que fera-t-il après les événements d’hier au Bardo?

 

L’autre question qui risque de se poser dans le cas d’une recrudescence des manifestations, sera celle de la position de l’armée nationale.