Ghannouchi à Davos : l’Etat-Parti-Famille, de retour?

Les Ghannouchi père et fils à Davos. Cela nous rappelle une époque proche où Sakher El Materi et Leila Trabelsi occupaient les devants de la scène politique tunisienne, entraînant dans les esprits une confusion de genres.

Qui les a invités et à quel titre? Défendre la cause de la Tunisie? Et pourquoi pas dans ce cas là tous les présidents des partis politiques. Ils se relayeront sur la tribune “davosienne” pour défendre une Tunisie dont l’image a pris un sacré coup à cause des cafouillages diplomatique et économique d’un gouvernement qui avoue aujourd’hui “qu’il est en train d’apprendre”.

Soit. Nous savions que nous allions être les “orphelins” cités dans le fameux dicton populaire “itaalmou lahjema fi rouss litama”. Mais de là à nous faire représenter dans des manifestations internationales de l’envergure du Forum de Davos par le chef d’un parti, dans lequel au moins une partie du peuple ne se reconnaît pas,  c’en est trop!

M. Jebali, vous qui nous avez à maintes reprises assurés que vous représentez le peuple entier, expliquez-nous donc pourquoi à chaque manifestation officielle nous devrons supporter la présence de M. Ghannouchi, président du parti dont vous êtes issu? N’est-il pas temps pour nous de savoir qui gouverne la Tunisie? Vous ou Rached Ghannouchi? C’est le moindre de nos droits que de savoir qui fait quoi dans notre pays.

D’autant que nous avions voulu accorder à ce gouvernement le bénéfice du doute avant de réaliser à quel point les liens nahdhaouis et gouvernementaux sont interconnectés. Rached Ghannouchi chercherait à rassurer les décideurs internationaux : “l’islam est parfaitement compatible avec la démocratie et la Tunisie ne tombera pas dans l’extrémisme”. Sur le terrain, le voir, lui accompagné de son fils et de son beau-fils Rafik Ben Abdessalem, ne peut être rassurant ni pour les Tunisiens  ni pour les internationaux. Personne n’aime les familles au pouvoir (du moins dans une République), elles rappellent les khilafa, les systèmes féodaux et les abus.

Belle image de la Tunisie post-révolutionnaire!

A.B.A