“Banane flambée“

Planquez votre portemonnaie et ménagez votre pouvoir d’achat. Préparez-vous à boycotter la banane !

Quel bal acquis social que le “Dimanche“. Journée chômée et … par-dessus tout, payée. Le Kif ! Cependant, sans vouloir cracher dans la soupe en jouant à l’éternel grognon, personnellement cette appellation me contrarie. Comprenez bien qu’au vu de “l’érosion de mon salaire“- expression que j’emprunte à Joseph Stiglitz, le temps d’un dimanche – j’attends qu’on me la rembourse moi, cette journée hautement dispendieuse. Ça y est je chavire dans la haute littérature. Ah je me suis précipité, j’ai parlé de salaire, en réalité je touche une pige, étant intermittent à votre “Canard“, c’est pigé ? En tous cas, moi je me suis retrouvé piégé, qu’importe !

Alors le dimanche, sous d’autres cieux dit “jour du Seigneur“, et d’ailleurs on ne sait plus desquels car celui des anneaux est entré en jeu, Dieu que je m’égare ! Gardons les pieds sur terre, alors reprenons dimanche c’est pour les gens qui turbinent, journée de farniente. L’ennui est que ça ne cadre pas avec ma situation. Certains économistes nous promettaient une société promise, laquelle ne vient toujours pas, qu’ils qualifient de société de loisirs, ont omis d’inscrire mon exception à moi car dimanche est toujours “Balck Sunday“.

J’ai beau résister, je n’y parviens pas. Entre les désirs de viennoiserie des enfants de bon matin et de la soif éternelle du réservoir, dit Tank en anglo-saxon, et l’appel du pied du panier de la ménagère, que je garnis dans l’ombre sans que l’on me reconnaisse le mérite, eh bien c’est triple saignée pour mon organe vital, comprenez mon portefeuille, en ce dimanche.

Je suis toujours à la recherche d’un Pass vaccinal pour cet accessoire en vue de le protéger de la fièvre acheteuse qui prend la taille d’une pandémie sans fin, mais en vain. C’est toujours déboires et décaissements.

Je commence par la viennoiseuse, toujours noiseuse car elle cherche des “noises“ à mon portefeuille vu qu’elle fait valser ses prix d’un dimanche à l’autre. Outre qu’elle est teigneuse car elle n’a pas le sourire de ma crémière ni ses jolies grasses. De là, je passe à ce qui servait avant de relai de diligence pour abreuver les chevaux que j’ai sous le capot. Et là encore à la pompe je me fais sucer mes billets par un pétroleur toujours flambeur.

Enfin, j’atterris à l’étalage. Et là, surprise sans être le temps des cerises, c’est la saison des primeurs. Et les “vegetebales“ disent nos amis Anglais ne végètent pas. Ils me vampirisent ma monnaie. Puis comme dans Agadou, la chanson de Patrick Zabé, je ne peux rien pour lui, c’est dit comme ça dans le texte. Après tout on a bien subi, 23 ans durant, ZABA ! Alors Zabé prévient dans les paroles de sa chanson Agadou que si l’on tap’dans la pomme ou si’ l’on tape dans la poire cela risque de coûter cher. Bien entendu comme je n’avais pas la pêche j’ai voulu me conformer à son refrain, j’ai cherché à pousser la banane et de faire semblant de moudre le café, ça n’a pas pris. Dans Agadou, la marchande était Vahiné, une douce haïtienne, en l’occurrence mon marchand sans être Vahiné était bien baraqué. Et il n’admettait pas que l’on discute le pris à son étalage. Le seul pouvoir dont je dispose à savoir le pouvoir d’achat ne pouvait me protéger de me faire bananer par le baraqué.

La banane grimpe à plus de cinq dinars avoisinant six précieux dinars. Je la trouvais flambée cette banane, elle ne passait pas à ce palier. Et c’est là que je me suis souvenu que pour la guérir de sa folie spéculative on pouvait à notre tour la faire plier. Imaginez que comme la fois d’avant on la boycottait. Elle finirait bien par piquer du nez et revenir à des paliers de prix plus cléments. Consommateurs à vos porte monnaies et différez votre goût de consommer, vous serez largement rétribués.

Je signe Robin des bois et vous savez que ce n’est pas moi.

AD