Zied El Heni : J’ai été transformé de témoin en accusé de terrorisme

Après avoir été entendu hier par le juge d’instruction du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme et maintenu en liberté, le journaliste Zied Al-Hani a révélé dans un post sur sa page Facebook qu’il a été transformé de témoin en accusé dans l’affaire.

Voici le texte du post :

“Pourquoi ai-je été transformé de témoin en accusé de terrorisme après avoir fait une déclaration sur l’émission “Émission Impossible” sur la radio IFM ?

Je me trouve actuellement devant le siège du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme à Charguia, où j’ai été interrogé par le premier juge d’instruction du bureau 12 en tant qu’accusé. Je ne sais pas quel sera mon sort après cette séance d’interrogatoire, mais j’ai appris que ma convocation devant le juge d’instruction du pôle antiterroriste est liée à l’enquête en cours contre mon ami le Dr. Mondher Al-Wanissi. Que Dieu soulage ses peines et éloigne l’injustice qui lui est infligée.

Comme je l’ai appris, dans un pays qui perd son chemin et où il n’y a plus de place pour s’étonner de quoi que ce soit, le fait de transformer un témoin en accusé de terrorisme est lié à mon travail journalistique pour obtenir une copie du dossier de l’affaire en cours de Walid Al-Baltaji. Cela m’a permis de comprendre l’affaire depuis sa source officielle, me permettant de donner mon avis sur le sujet lors de sa présentation et d’y plonger en toute connaissance de cause. Je n’ai ni publié ni remis les documents du dossier à quiconque, comme le confirme l’enquête menée contre moi.

Le représentant du ministère public a transformé le centre de recherche de témoin en accusé, après avoir refusé de me remettre mes téléphones pour révéler l’identité de la source qui m’a envoyé le dossier et pour prendre connaissance des informations, des données, des relations professionnelles et personnelles qu’il contient, sauf par décision motivée, comme le stipule l’article 11 du décret n°115 relatif à la liberté de la presse. Il existe une suspicion qu’il a commis à mon encontre le crime d’agression contre un quasi-fonctionnaire, prévu à l’article 128 du code pénal mentionné à l’article 14 du même décret, comme il sera prouvé légalement.

Vous pouvez comparer, dans les images jointes, entre sa justification (la suspicion de complot contre la sécurité de l’État et des crimes terroristes) pour saisir mes téléphones, et ce que stipule le décret dans son article 11 : “Les sources du journaliste lors de l’exercice de ses fonctions et les sources de toutes les personnes contribuant à la préparation du matériel médiatique sont protégées, et il ne peut être porté atteinte à la confidentialité de ces sources, que ce soit directement ou indirectement, sauf s’il est justifié par un motif impératif de sécurité nationale ou de défense nationale et soumis au contrôle judiciaire. L’agression contre la confidentialité des sources concerne toutes les enquêtes, perquisitions, écoutes des correspondances ou communications que l’autorité publique pourrait entreprendre à l’égard du journaliste pour révéler ses sources ou à l’égard de toutes les personnes ayant une relation spéciale avec lui.

Il n’est pas permis d’exposer le journaliste à une pression de la part de quelque autorité que ce soit, et aucune demande ne peut être faite à un journaliste ou à toute personne contribuant à la préparation du matériel médiatique de divulguer ses sources d’informations que par l’autorisation du juge compétent, à condition que ces informations soient liées à des crimes constituant une menace grave pour la sécurité physique d’autrui, que l’obtention de ces informations soit nécessaire pour éviter la commission de ces crimes et qu’elles appartiennent à la catégorie d’informations qu’il n’est pas possible d’obtenir par d’autres moyens.”

Je vous prie de m’accompagner et de m’aider à comprendre comment empêcher l’obtention de : “crimes constituant une menace grave pour la sécurité physique d’autrui, que l’obtention de ces informations soit nécessaire pour éviter la commission de ces crimes et qu’elles appartiennent à la catégorie d’informations qu’il n’est pas possible d’obtenir par d’autres moyens”, en révélant le nom de la source qui m’a envoyé ces documents ?

Mon message à tous ceux que cela concerne : la presse n’est pas un crime.
La presse est pour moi une dignité, un honneur et une noble mission, elle triomphe de la vérité, vole avec l’encre de la liberté et refuse la soumission, l’humiliation et l’infamie.
Attaquez-moi comme bon vous semble avec votre pouvoir répressif et les âmes faibles qui vous suivent, asservies à vos consciences et à votre dignité. Mais vous ne toucherez pas à ma liberté d’expression, et vous ne briserez pas la force de ma détermination et le courage de ma position et de ma décision.
Je suis un aigle journaliste, un citoyen amoureux de son pays, un lieu de fierté et de dignité. Et je continuerai à répéter de tout mon cœur, à bas le coup d’État et vive la Tunisie.”