Une charte nationale pour la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et de Lutte contre la Corruption (SNBGLC) sera signée à l’occasion de l’organisation du Congrès national sur la lutte contre la corruption, les 8 et 9 décembre courant à Gammarth.
S’inscrivant dans le cadre de la célébration par la Tunisie (le 9 décembre) de la Journée nationale et internationale contre la Corruption, placée cette année sous le thème ” Corruption : un obstacle aux objectifs de développement durable “, le congrès sera “une opportunité pour dresser le bilan des efforts déployés sur ce long chemin vers l’intégrité, présenter les principaux résultats réalisés et discuter les prochaines étapes”, lit-on dans un communiqué de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC).
Il est à rappeler que les signataires du Pacte de Carthage, en juillet 2016, ont exprimé une forte volonté politique à faire de la lutte contre la corruption une priorité.
Dès lors, chacun a le pouvoir de s’opposer à la corruption sous les multiples formes qu’elle peut prendre. Il s’agit pour les Tunisiens d’être unis et de travailler ensemble, car la lutte contre la corruption est un élément essentiel à la réalisation des objectifs de développement durable adoptés par la communauté internationale (dont la Tunisie) en septembre 2015, souligne-t-on de même source.
Et de rappeler que les ” Panama papers ” avaient révélé que le montant de l’argent public usurpé dans quatre pays de la région MENA, à savoir l’Egypte, la Libye, la Tunisie et le Yémen est estimé à 160 milliards de dollars.
D’où l’importance d’une action visant à récupérer les actifs volés et mettre fin à l’impunité. Il faut savoir aussi que, selon le ” Global Financial Integrity “, la région MENA a enregistré le taux le plus élevé de croissance des flux financiers illicites dans le monde, avec une augmentation moyenne de 31,5% chaque année tout au long de la décennie se terminant en 2011.
La plupart des pays de cette région n’ont pas satisfait aux normes énoncées dans la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC), tant il subsiste un important écart entre la législation et la pratique.
Pour ce qui concerne la Tunisie, il y a trois ou quatre ans, elle s’est focalisée sur les points de discordance entre la législation nationale et les exigences requises par la CNUCC. Le diagnostic rigoureux effectué alors en avait identifié 16. Les observateurs notent que la Tunisie en a comblé une bonne dizaine.
Le Congrès national sur la lutte contre la corruption sera l’occasion, grâce à l’adoption de la Stratégie Nationale de Bonne Gouvernance et de Lutte contre la Corruption, d’en éliminer un de plus, indique le communiqué de l’INLUCC.
D’autres réformes permettront d’éliminer des discordances non moins importantes. Il s’agit notamment des textes en cours d’adoption concernent la protection des lanceurs d’alerte, l’enrichissement illicite et le conflit d’intérêt.
L’adoption d’une approche stratégique globale et la mise en place d’un Système National d’Intégrité, est en passe de permettre au pays de s’attaquer aux causes profondes de la corruption, ajoute le communiqué.
En outre, un large programme ” pour renforcer la redevabilité publique en Tunisie ” a été mis en place depuis le mois de juillet dernier, avec pour principal objectif, favoriser l’émergence de modèles d’intégrité autour desquels seront développées des actions collectives et des réformes sectorielles ciblées pour lutter contre la corruption. Des mécanismes de coordination et de suivi, par lesquels les citoyens peuvent tenir les gouvernements pour responsables, viendront parachever le processus.
Après l’élaboration d’une manière consensuelle, intégrée et inclusive d’une stratégie nationale et de son plan d’action, pour une lutte efficace contre la corruption, il s’agit pour les divers acteurs institutionnels d’être capables et désireux de poursuivre la corruption, d’encadrer les métiers-clé (banquiers, avocats, comptables, professionnels de l’immobilier, marchands de biens de luxe, etc.), de faire jouer à la justice le rôle important qui lui est dévolu et de protéger les dénonciateurs, dont les journalistes d’investigation, conclut le communiqué.