Une vingtaine de partis politiques ont souscrit à une “Charte d’honneur des partis, coalitions et candidats indépendants pour les élections et référendums de la République tunisienne”.
Leurs représentants ont paraphé, mardi matin, le document lors d’une cérémonie tenue, à l’Hôtel de ville de Tunis, à la Kasbah, en présence du président de la République provisoire, Mohamed Moncef Marzouki, du président de l’Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar, et de plusieurs chefs de missions diplomatiques.
La liste des partis signataires de la charte comprend notamment le mouvement Ennahdha, Nidaa Tounes, Ettakatol, CPR, Courant Al-Mahaba, Al-Joumhouri, Alliance démocratique, parti des travailleurs, Al-Massar, PPDU, l’Initiative et Al- Wafa. Fruit d’un dialogue entre un groupe de partis avec l’assistance du Centre de Genève pour le dialogue humanitaire, cette charte fixe pour ambition la réalisation d’élections transparentes, impartiales, démocratiques, crédibles et, surtout, acceptées de toutes les parties. Elle vise également à éviter autant que possible les querelles, à dissuader toute forme d’intimidation et à contribuer à préserver la paix civile.
Le président Marzouki a souligné, dans une allocution lors de la cérémonie, que la conclusion de cette charte en elle-même porteuse de plusieurs significations. En tout premier lieu, a-t-il dit, elle traduit l’échec politique de la récente opération terroriste parce que constituant la meilleure réplique à la tentative de semer la discorde entre les partenaires politiques. Elle est aussi l’expression de l’attachement résolu et sans cesse réaffirmé de la Tunisie à élever l’édifice démocratique sans fléchir.
La signature de ce document est aussi la preuve de la bonne relation de la société civile internationale et locale avec l’Etat, a-t-il ajouté, se réjouissant du désir de toutes les parties de moraliser la vie politique.
Marzouki a délivré un message aux partis qui ont souscrit à cette charte et à ceux qui comptent le faire, les invitant à oeuvrer en faveur des idéaux et principes qui y sont énoncés. Il a également appelé les différentes composantes de la société civile à s’assurer de l’application des clauses de la charte par les partis signataires.
Le président de l’Assemblée nationale constituante Mustapha Ben Jaafar a considéré de son côté que la conclusion de la charte en question est “un pas dans le bon sens pour parachever l’étape à venir de laquelle se décidera le destin de la nation, conduire la Tunisie à bon port et mener jusqu’à son terme un processus électoral réussi et crédible, dont les résultats seraient acceptés de tous”.
L’adhésion des partis à l’idée de charte est en soi la preuve de la volonté commune de consacrer la saine praxis démocratique et la culture du respect des différences et de régler les litiges par les voix pacifiques et dans le cadre de l’application des règles de droit. L’événement confirme aussi la mobilisation des élites politiques contre les plans du terrorisme et leur soutien aux forces armées nationales dans leur guerre contre ce fléau, a-t-il enchaîné, invitant les partis à s’élever au- dessus des pratiques sordides qui ne peuvent conduire, selon lui, qu’à la violence et aux tensions.
Présent lui aussi à la cérémonie, le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections, Chafik Sarsar, s’est félicité de la conclusion de cette charte en ce qu’elle complète le volet juridique de l’encadrement des élections ” et parce qu’elle s’inscrit dans le cadre de ce dont il avait été convenu, à savoir construire un paysage politique évolué”.
Il a précisé que ladite charte sera suivie d’un “code de bonne conduite” qui sera réalisé par l’ISIE en association avec les 194 partis politiques existants. Il a fait observer que la Charte comporte nombre de principes et règles totalement nouveaux pour la Tunisie, notamment ceux en rapport avec certains critères d’appréciation et autres concepts très en avance comme “l’abus de ressources publiques”, formant le voeu de voir cette initiative s’étendre au plus grand nombre possible de partis.
Quant au président de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle, Nouri Lajmi, il a surtout parlé de l’importance du rôle de la presse en période de transition démocratique, exhortant les médias au respect du Code de déontologie de la profession, “à l’image des partis qui, aujourd’hui, souscrivent à une charte d’honneur”.
Il a annoncé que la HAICA s’emploiera avec l’ISIE à bien organiser les règles et modalités de couverture médiatique des élections, annonçant une série de rencontres avec les journalistes et les médias pour les inciter à éviter tout ce qui serait de nature à influer négativement sur le déroulement du scrutin.
Comme l’a rappelé dans une déclaration à l’agence TAP, le conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU et membre arabe du Conseil des secrétaires généraux du Centre de Genève pour le dialogue humanitaire, Ghassan Salama, la charte signée ce mardi procède d’une initiative conjointe d’un certain nombre de partis politiques de diverses tendances en faveur de la rédaction d’un code d’honneur fixant les règles à suivre durant la campagne électorale de même que les comportements des partis avant, pendant et après les élections.
Le Centre, a-t-il rappelé, s’est investi dans ce travail au vu de son expertise dans nombre de cas similaires dans le monde, précisant toutefois que la charte a été entièrement mise en forme par des experts de diverses universités tunisiennes, assistés du centre.
Les représentants des partis présents à la cérémonie ont fait part, dans de brèves allocutions, de leur satisfaction de cette initiative, estimant que cette dernière concourra à un passage fluide de l’étape de transition à une étape plus stable, dans un climat de rapports civilisés entre les différentes composantes de la famille politique et pour des élections plus transparentes et plus loyales que celles de 2011.