Mohamed Masmoudi : Patchwork est ma première apparition sur la scène artistique

Passant plus de huit heures de musique par jour à jouer de multiples instruments comme le piano, le luth, la contrebasse ou encore la guitare, Mohamed Masmoudi est un artiste passionné mais également chevronné.

Parti assez jeune au Canada depuis plus de 20 ans, le musicien et compositeur tuniso-canadien Mohamed Masmoudi formé au conservatoire de Sfax, revient aujourd’hui en Tunisie pour se produire pour la première fois sur la scène artistique tunisienne.

Il sera l’un des trois artistes de “Patchwork”, une création musicale qui sera présentée ce soir au Palais Essaada à la Marsa (dans le cadre des Nuits d’El Abdellia) avant de se produire avec la chanteuse américaine Jennifer Grout, le violoniste tunisien Walid Gharbi et toute l’équipe artistique, le 22 juillet à la salle 4ème art au Centre ville de Tunis.

Mohamed Masmoudi, co-fondateur de Sokoun trio, lauréat du prix du meilleur groupe de Musique du Monde de l’année 2010

Malgré sa passion au lycée pour la musique occidentale et surtout le Jazz, le musicien a été vite initié au luth par l’un de ses professeurs qui, selon ses propos, a estimé qu’il avait beaucoup de talent pour jouer aussi à la guitare. En sa première année, se rappelle-t-il, dans un entretien accordé à l’agence TAP, il a joué un solo “Mazmoum” sur la scène du Théâtre municipal de Sfax.

Installé depuis plus de 20 ans au Canada, Masmoudi a poursuivi sa formation musicale avec la guitare classique ainsi que la guitare basse tout en se produisant avec des groupes de Jazz canadiens dont notamment “So What”.

Sa carrière évolue, il a ensuite redécouvert l’instrument classique qui n’est autre que le luth pour le revisiter par la suite et lui donner une étendue internationale. A ce sujet, il en parle: “Montréal, cette ville multi-culturelle m’a permis d’introduire le luth dans la musique chinoise, turque, grecque, gitane, manouche, africaine ou encore le flamenco”.

Ses expériences multiples et variées sont incalculables : un duo avec une joueuse du “Pipa” (instrument de musique traditionnel chinois, proche du luth occidental et du oud oriental), un autre avec un joueur de la “kora” du Sénégal (sorte de harpe-luth mandigue) ou encore un dernier en compagnie d’un joueur du “doudouk” arménien” (comme le hautbois, inscrit par l’Unesco en 2005 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité). “C’est à partir de cette diversité que je ne cesse d’enrichir et de diversifier surtout chaque expérience musicale” témoigne-t-il.

Membre-fondateur de “Sokoun trio”, le groupe a remporté le prix du meilleur groupe de Musique du monde en 2010 au Canada “Canadian Folk Music Award”. Son premier album “Zanneh” a été encensé par la critique internationale étant donné que les onze pièces qui forment l’album ont été jugés “aussi riches et novatrices grâce à la variété des compositions originales et la diversité des influences comme la musique méditerranéenne et le jazz.

Sokoun (quiétude), une formation de musique instrumentale réunissant au violon le tunisien Zied Ben Amor et aux percussions le libanais Joseph Khoury, est l’unique projet où Masmoudi a collaboré avec un Tunisien, en l’occurrence le violoniste Zied Ben Amor.

Avec Patchwork, nous espérons faire découvrir de nouvelles sonorités et une voix prometteuse

Sur son absence de la scène musicale tunisienne et sa non participation aux festivals tunisiens, Masmoudi répond que se produire en Tunisie demande beaucoup de préparation mais également beaucoup de courage regrettant l’organisation souvent mal étudiée de ces festivals.

Cela dit “Patchwork” constitue le premier projet de Masmoudi en Tunisie en compagnie du violoniste tunisien Walid Gharbi et de la chanteuse américaine Jennifer Grout.

Etant son professeur de musique mais surtout celui qui l’a initié à la musique arabe, Mohamed Masmoudi parle de la jeune américaine Jennifer Grout : c’est un talent prometteur, car elle est passionnée et très minutieuse”.

Parlant du concert, il a émis l’espoir que cette création produite par le jeune producteur tunisien Mohamed Fathallah, soit un premier pas pour d’autres collaborations et d’éventuelles participations sur la scène musicale tunisienne. Une scène qui reprend aujourd’hui sa programmation interrompue après à la suite des événements tragiques de Mont Chaambi le mercredi 16 juillet 2014, pour envelopper le pays entier dans un deuil national de trois jours (17-19 juillet 2014).