Sortir les musées et les centre d’arts de leur vocation traditionnelle, celle d’exposer, pour les intégrer dans de nouveaux concepts d’échange et d’interactivité avec les populations locales demeure l’objectif de tous les opérateurs culturels dans le domaine artistique.
Autour de cette thématique, des chercheurs, artistes et spécialistes ont présenté, samedi, après-midi, au musée du Bardo, leur vision de l’échange entre artistes et public, autour d’une table ronde ayant pour thème “L’art participatif et espaces de création”, organisée dans le cadre de la deuxième édition “Jaou Tunis 2014” organisée par la Fondation Kamal Lazaar et la revue Ibraaz avec l’appui de l’Institut Français de Tunisie (IFT).
Sihem Belkhodja, initiatrice de plusieurs manifestations artistiques et présidente de l’association Ness El Fen, a créé l’événement au Musée du Bardo, en invitant l’audience, présente à la salle, à regarder une chorégraphie life, de trois minutes, interprétée par le jeune Seïfeddine Menai dans le Hall du Musée.
Cette évasion visuelle marque le point de départ pour un concept déjà en vogue aux Etats-Unis où il n’y a pas d’expositions sans performances corporelles comme le souligne Marie-Monique Steckel, représentante de l’Institut Français (alliance française, New York).
“Un musée n’est pas un lieu où on montre seulement des tableaux, c’est un lieu pluridisciplinaire” souligne Elisabeth Cestor, du département du développement culturel et des relations internationales du MuCEM (musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) basé à Marseille.
Le Mucem, a-t-elle expliqué, est créé selon un concept d’échanges, de découvertes et de débats avec les visiteurs qui peuvent y accéder gratuitement citant les divers projets dans les pays du pourtour méditerranéen, pris en charge par le musée, notamment avec les artistes, intellectuels et acteurs culturels au Maroc.
Parlant de son expérience avec les populations locales en Afrique du Nord, Paul Vanden-Broeck, chercheur scientifique attaché au musée Royal des beaux-Arts à Anvers (Belgique), a évoqué ses recherches sur l’expression artistique spontanée de populations vivant en pleine campagne du Sud marocain.
Ces populations, en collaboration avec lui, “se sont reconvertis en artistes plasticiens et ont développé un idiome artistique sans avoir eu contact avec la modernité”, dit-il.
Le chercheur belge présente en photos des oeuvres d’art, exposées auparavant dans des musées en Europe, sur les danses de transe (Gnaoua) et le tissage traditionnel berbère de ces gens ancrés dans leur patrimoine culturel chargé d’émotion, d’expression et de beauté.
Cet échange et collaboration avec les populations locales devient de plus en plus un concept sur lequel parient les acteurs artistiques, comme le confirme l’expérience du Marocain Hassan Darsi, fondateur de projet “la source du lion” où il encourage les débats-rencontres entre artistes et public.
Fondé à partir d’un simple constat sur les arts plastiques au Maroc qui se limitent aux expositions, cet artiste s’est lancé, depuis 1995, dans ce nouveau concept à dimension participative.
Vincent Puig, directeur exécutif de l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Georges Pompidou a parlé de l’interactivité entre l’amateur et l’oeuvre mais aussi de l’impact de l’interactivité à travers des nouvelles technologies qui requiert une dimension contributive.
Ceci renvoie à un questionnement sur l’avenir de l’expression artistique, aussi multiple que variée, dans un monde de démocratisation des nouvelles technologies où l’art visuel prend toute sa force en face du visuel numérique.