Festival Carthage 2013 Ballet de l’opéra de Pékin : C’est du chinois

La ponctualité était au rendez-vous hier soir lors de la soirée aux couleurs chinoises, la troisième au programme du festival International de Carthage. Le spectacle a commencé à 22h3O pour terminer à 23H45. 75 minutes de jeu théâtral maximal dans une représentation, pour les non avertis, abstraite, athlétique et rapide basée essentiellement sur les arts martiaux.

Ce qui épate, c’est cette force des mouvements qui mettent à l’épreuve la haute technicité artistique, musculaire et articulatoire des acteurs, jongleurs et acrobates, pour raconter des histoires légendaires, tirées de la mythologie chinoise.

De ces combinaisons de corps solitaires, en duos, trios ou en groupe, les acteurs, comme des électrons donnent à voir des tableaux chorégraphiques extraits de cette mythologie. Bien que la langue pose problème, une voix off aide le public à comprendre ce qu’il va voir :” Les pétales jetées par les fées”, un tableau sur la spiritualité ou encore “Le roi des singes” choisi par le Dieu du ciel pour surveiller le jardin des pêchers.

Jusqu’au bout mal à l’aise mais attentif, le public de nationalité tunisienne mais aussi étrangères s’est trouvé devant un spectacle difficile à décoder. Face à une scène nue et dans le silence absolu, une certaine froideur permanente s’est ressentie en vivant une abstraction presque complète.

Ceux qui ont préféré rester jusqu’à la fin ont essayé de découvrir ce patrimoine immatériel de la Chine. Car pour appréhender ce genre de spectacles, il faudrait avoir une certaine idée de la culture chinoise surtout que la langue pose problème : En effet, les costumes somptueux aux couleurs flamboyantes donnent une image sur les personnages, signe de bonté ou de mal, les maquillages traditionnels livrent quant à eux un message. Même la sonorité, qui nous n’est pas familière possède sa propre spécificité pour décliner les traditions et raconter les pratiques bouddhiques, les cérémonies mortuaires, l’armée céleste, l’ennemi et l’amour…

Bien qu’inscrit dans le cadre d’une tournée « la culture sino-arabe reprend la route de la soie » le spectacle n’aurait pas réussi à rétablir le contact escompté. Toutefois, le public, même s’il a commencé à quitter les lieux petit à petit tout au long de la soirée et dans une discrétion inégalée, a fait preuve d’une grande générosité et délicatesse. C’est du chinois, mais il a applaudi fortement dans un geste à saluer grandement.

“Le spectacle est du moins qu’on puisse dire médiocre, je m’attendais franchement à voir plus de charme classique chinois”, balance un quadragénaire à la tombée du rideau. Sa fille, rajoute avec finesse “je suis déçue, je m’attendais à mieux”. Dans un autre témoignage, une femme âgée, avec le sourire aux lèvres murmure, “c’est leur culture il faut la connaître pour la comprendre mais ce spectacle n’est pas à programmer dans un festival pareil”.

Certes, la culture chinoise est réputée pour son raffinement et sa grâce…et le public de Carthage a fait preuve lui aussi de beaucoup de grâce malgré sa déception face au charme surement mais c’est du chinois, commente un petit enfant.