«Je ne comprends pas et je n’accepte pas qu’une étudiante en niqab puisse être empêchée de passer les examens universitaires». C’est en ces termes que s’exprimait le Président provisoire de la République Moncef Marzouki aujourd’hui, 16 mai 2013, devant un parterre de représentants de partis politiques et de la société civile. Plusieurs participants quittent alors la salle qui est traversée par de bruyantes protestations.
En s’attaquant aux décisions des conseils scientifiques, seules instances élues habilitées à statuer sur les règlements intérieurs des établissements universitaires, en créant l’amalgame entre la liberté de se vêtir et la nécessité de se conformer aux contrôles qu’exigent le passage des examens universitaires, en intervenant à un moment où l’ensemble des universitaires sont investis pour la réussite de la première session des examens, après une année pleine de revendications en tout genre qu’il a fallu gérer dans un manque de moyens flagrant, on ne comprend pas quel message cherche à faire passer le Président de la République, s’interroge le Forum Universitaire Tunisien dans un communiqué.
Mais l’on ne peut qu’être surpris de cette fixation, déjà exprimée par le ministre de l’enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Moncef Ben Salem, qui, dans son allocution à l’assemblée nationale constituante le 27 avril dernier, a exhorté le conseil scientifique de la Faculté des Sciences de Tunis de revenir sur sa décision de ne pas autoriser l’accès aux salles d’examen des étudiantes couvertes de leur niqab.
Le communiqué ajoute qu’il s’agit d’une fixation sur un problème accessoire qui a pris des dimensions disproportionnées et a détourné l’attention des vraies problématiques endémiques dont souffre l’université tunisienne et que l’on pensait clos après le non-lieu prononcé le jeudi 2 mai 2013 pour notre collègue Habib Kazdaghli et la condamnation des deux étudiantes niqabées.