Tunisie – Assemblée Constituante – BCT : Les “vraies” raisons du limogeage de Mustapha Kamel Nabli

Le débat à l’assemblée constituante concernant le limogeage du gouverneur de la BCT, Mustapha Kamel Nabli, a été marqué mercredi par de profondes divergences et des échanges houleux entre les constituants représentants la Troika et ceux de l’opposition.

La constituante Samia ABBOU du groupe “le congrès” a affirmé que l’actuel gouverneur de la BCT n’a pas préservé l’intérêt économique de la Tunisie et a réclamé la rupture avec les symboles de l’ancien régime, indiquant que M. Nabli a été ministre sous le régime de Ben Ali.

Pour Samir Ben Amor le gouverneur de la BCT n’a pas été l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ajoutant que son intervention aujourd’hui était agressive envers le gouvernement. IL a accusé le gouverneur de la BCT de ne pas avoir préservé l’intérêt du pays, indiquant que l’une des demandes du congrès pour la république (CPR) était de rompre avec toute personne ayant occupé des fonctions sous l’ancien régime.

Il a précisé que Nabli a échoué dans sa politique monétaire d’autant que la valeur du dinar a baissé du 6 juillet 2011 à la même période de l’année en cours de 17,3%, en plus de la baisse des réserves en devises au cours de la même période de 120 à 95 jours. Le gouverneur a encouragé les crédits à la consommation, une politique suivie par l’ancien régime alors qu’il fallait encourager les crédits d’investissement.

Moncef Charni du groupe “liberté et démocratie” a souligné que le limogeage n’était pas nécessaire, mettant en exergue l’importance de préserver l’indépendance de la BCT appelant à davantage de concertation concernant les questions économiques et monétaires.

M.Tarek Bouaziz a qualifié la décision du président de la République de “précipitée” “sans aucune connaissance des politiques monétaires”. Il a mis l’accent sur la gravité de la question financière qui est devenue au centre d’une polémique entre les présidences de la République et du gouvernement, soulignant que cette dernière vise à mobiliser des liquidités sur le marché afin d’identifier des solutions conjoncturelles sans tenir compte du taux d’inflation.

Khalil Houiji, du même groupe, a exprimé des réserves sur le gouverneur qui était un ministre sous le régime de Ben Ali, tout en précisant qu’il ne faut pas oublier qu’il était une personne reconnue pour sa compétence en Tunisie et à l’étranger. Il a ajouté, dans ce contexte, que les explications présentées par le gouverneur sont justes et que “la décision de son limogeage est une décision politique pour contenter Marzouki”.

Le constituant chokri Arfaoui a demandé qu’elle fût l’urgence pour la révocation du gouverneur de la BCT afffirmant qu’il était plus important de réserver les efforts pour traiter les véritables problèmes. De son côté Ibrahim Kassass a indiqué que la révocation de Nabli se résume dans l’attachement du président de la République provisoire à s’affirmer sur la scène. Dhamir Manai a indiqué que la politique financière et monétaire du gouvernement est en parfaite cohérence avec celle de la BCT s’interrogeant sur le bien-fondé des affirmations sur l’existence d’une relation tendue entre les deux parties. Il a aussi établi un lien entre l’extradition de Baghdadi Mahmoudi et la décision de révocation de Nabli.

De son coté, Salah Chouaeb a affirmé que l’exposé présenté par Nabli est une véritable leçon de transparence et de précision dans le traitement des dossiers. Il a indiqué que la révocation de Nabli s’inscrit dans le cadre de calculs politiques étriqués qui ne tiennent pas compte des intérêts du pays.

De son coté Abderraouf Ayadi s’est interrogé sur les raisons de l’absence des questions en rapport avec la politique financière et monétaire lors des précédents débats de l’assemblée constituante.

Pour Najib Chabbi a pour sa part que le pays n’avait besoin d’une telle crise qui porte atteinte à une institution vitale dans le pays. Il a ajouté qu’il est impératif de décider si on était pour l’indépendance de la BCT ou bien de la laisser s’enliser dans les tiraillements politiques.

WMC/TAP

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