Le président de la république Moncef Marzouki a demandé à la Suisse d’accélérer la restitution des avoirs du clan Ben Ali gelés par la Suisse début 2011, a-t-il dit à la télévision publique suisse (RTS), tandis que Berne assurait peu après faire au plus vite.
“Nous voulons que l’argent revienne le plus tôt possible”, a déclaré Moncef Marzouki.
“Si on nous le rend dans 50 ans comme avec l’argent des Juifs, cela n’a aucun intérêt. Parfois la balle est dans notre camp, parfois elle est dans votre camp”, a-t-il ajouté.
Pour le président tunisien, la situation économique dans son pays, avec “800.000 chômeurs” et “des régions (…) prêtes à exploser car les gens ne supportent plus la misère”, justifie le retour rapide des fonds Ben Ali.
M. Marzouki réclame donc une “prise de conscience” des autorités politiques et des banquiers suisses, et explique qu’il va “probablement chercher à rencontrer le Conseil fédéral (gouvernement)” lors de sa venue à Genève en juin.
“Ma venue à Genève en juin sera l’occasion de revoir d’anciens amis politiques suisses et, je l’espère, me faire de nouveaux amis”, souligne-t-il.
M. Marzouki doit se rendre à Genève ces prochains jours dans le cadre de la Conférence du travail annuelle (assemblée générale) de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui démarre mercredi.
Réagissant à ces propos, le ministère des Affaires étrangères suisse a indiqué que “la Suisse est déterminée à rendre le plus rapidement possible les avoirs actuellement bloqués en Suisse dont l’origine illicite a été établie” et qu'”aucun autre pays n’avait fourni plus d’effort” qu’elle en ce sens.
“Elle espère que la question des propriétaires légitimes des fonds bloqués en Suisse soit rapidement éclaircie par des autorités judiciaires et à ce que les avoirs acquis illégitimement puissent être restitués”, indique encore Berne.
Le 19 janvier 2011, la Suisse, à l’instar de ses voisins européens, avait décidé de geler les avoirs que l’ex-président tunisien Ben Ali et son entourage pourraient détenir dans la Confédération.
En octobre dernier, Berne avait indiqué avoir bloqué pour 60 millions de francs suisses (48,7 millions d’euros) d’avoirs tunisiens.
Pour M. Marzouki, ces chiffres sont “dérisoires”.
“Aujourd’hui, j’estime que nous parlons seulement du 10% des avoirs qui ont été déposés dans les banques suisses”, considère-t-il.
Pour sa part, la Suisse estime que la coopération entre Berne et Tunis a “déjà porté ses fruits: la Tunisie a (…) adressée plusieurs demandes d’entraide judiciaires à la Suisse”.
Parallèlement, relèvent les autorités helvétiques, “une procédure pénale suisse en lien avec les évènements survenus en Tunisie est en cours auprès du Ministère public de la Confédération (MPC, procureur)”.
Ces investigations visent notamment des personnes proches de l’ancien président Ben Ali pour soupçon de blanchiment d’argent et pour participation à une organisation criminelle. Dans ce cadre, la Suisse a adressé une demande d’entraide à la Tunisie.
(Source AFP)
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