Avec 107 sièges, les islamistes modérés du Parti Justice et Développement (PJD) remportent les législatives du 25 novembre au Maroc. Ils sont désormais la principale force politique du Maroc avec 27,06% des sièges contre 14,46% auparavant.
Dans la précédente Chambre composée de 325 membres, le PJD ne disposait que de 47 députés.
Selon les résultats officiels publiés dimanche, le parti Istiqlal du Premier ministre actuel et le Rassemblement national des indépendants, alliés traditionnels du roi, obtiennent quant à eux respectivement 60 et 52 fauteuils.
Le roi Mohamed VI doit maintenant désigner le chef du futur gouvernement au sein du PJD. Ce dernier sera chargé de former un gouvernement de coalition.
Sous le titre “Le Maroc teste l’alternative islamiste” Le Figaro écrit:
Un mois après le raz de marée islamiste en Tunisie, le Maroc est à son tour touché par une vague islamo-conservatrice. Le Parti de la justice et du développement (PJD) enregistre une large victoire aux élections législatives anticipées. L’ampleur de son succès a surpris. Les observateurs internationaux et les responsables politiques marocains qui participaient vendredi soir à la soirée électorale dans un grand hôtel de Rabat s’attendaient à des résultats plus serrés. L’annonce par Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du PJD, de la percée de son parti a résonné comme un coup de tonnerre. «Les Marocains insistent pour garder la monarchie, mais ils veulent qu’elle évolue avec eux», a-t-il affirmé.
Le PJD a fortement progressé dans l’ensemble des grandes villes marocaines avec des scores éloquents à Rabat, la capitale administrative, à Casablanca, le poumon économique du pays, à Mohammedia. Il n’est plus seulement le parti des classes moyennes et populaires arabisantes qui se sentent tenues à l’écart des centres de décision aux mains des élites francophones. Sa base composée de commerçants, d’artisans et d’employés s’est étoffée. Il séduit un électorat qui veut croire, dans un climat social difficile, à son discours moralisateur et à ses promesses en matière de lutte contre la corruption ou pour l’indépendance de la justice.
«Les islamistes exercent un pouvoir d’attraction. Il y a une tentation. Au Maroc aussi, on veut tester la solution islamiste. Le socialisme, qui est considéré aujourd’hui comme une greffe post-coloniale, a échoué, alors on veut tenter une alternative comme ailleurs en Afrique du Nord», analyse Karim Boukhari, le directeur de l’hebdomadaire Tel Quel .