La crise de déchets médicaux à Moulares persiste avec acuité en raison de ses répercussions directes sur la sécurité de l’environnement et la santé des habitants, selon un rapport intitulé « La dégradation de la situation environnementale à Gafsa : des villes submergées par leurs déchets !! », publié le 13 mars courant par le département de la justice environnementale et climatique du FTDES.
“Récemment, l’attention s’est portée sur cette catégorie critique de déchets générés par divers établissements de
santé, en particulier après la fermeture des deux entreprises installées dans la région, à savoir Green Gafsa
et Sud Environnement, qui opéraient dans la collecte et le traitement des déchets médicaux. Cette fermeture fait
suite au retrait de leurs permis d’exercice en raison de non respect des cahiers de charges régissant leur
profession”, rappelle le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux.
“Environ 700 tonnes de déchets médicaux dangereux demeurent stockées dans les entrepôts de ces deux entreprises depuis leur fermeture il y a trois ans, posant plusieurs défis, notamment en ce qui concerne leur collecte et leur gestion. Ces déchets représentent désormais un réel danger, d’autant plus qu’ils ne sont soumis à aucun contrôle de la part des autorités de tutelle”.
“Les déchets des activités médicales sont considérés comme dangereux selon l’article 5 du décret n° 2745 de 2008, daté du 28 juillet 2008, régissant les conditions et les méthodes de gestion des déchets des activités médicales”.
“L’élimination non traitée des déchets médicaux constitue une violation environnementale claire, car elle affecte l’air, l’eau et le sol, en plus de présenter des risques pour divers groupes tels que le personnel infirmier, les agents de propreté, et d’autres et ce, lors de la collecte et du transport de ces déchets”.
“Le principal problème dans ce domaine réside dans la violation par les organes de l’État des décisions prises. Malgré la décision de la Tunisie depuis 2008 de rompre avec la politique consistant à brûler les déchets médicaux dans les hôpitaux, et l’adoption d’une stratégie nationale pour les gérer en faisant appel au secteur privé, où des entreprises privées ont été chargées de traiter les déchets après leur tri et leur stockage par les institutions médicales productrices, leur non-respect de cette mesure a accru les risques posés par cette catégorie dangereuse de déchets”.
“Cela a conduit à leur accumulation anarchique dans la ville de Metlaoui, sans traitement. À ce jour, les structures concernées n’ont pas adopté de plan pour traiter les tas de déchets hospitaliers présents, malgré les réunions tenues au niveau de la région pour discuter de ce problème environnemental grave. Ces réunions ont enregistré la participation de divers intervenants, y compris la Chambre nationale des entreprises de collecte des déchets et certaines entreprises actives dans ce domaine qui ont exprimé leur volonté de soulever et de traiter les déchets médicaux stockés”.
Selon les auteurs du rapport, le directeur régional de l’ANGED leur a fait part “du blocage du projet de la réalisation d’une unité de traitement et de valorisation des déchets à Gafsa depuis 2009. Il a, par ailleurs, indiqué que ce projet est toujours d’actualité et que les travaux pourraient commencer en 2025. D’ailleurs, des discussions sont en cours avec l’ANGED pour avoir les autorisations nécessaires. Il a, aussi, appelé à la mise en place de décharges contrôlées d’un point de vue scientifique et légal pour éviter toute catastrophe environnementale. En attendant l’application de ces mesures, plus de 700 tonnes des déchets médicaux demeurent stockées et exposées à la décomposition et l’interaction avec les composantes de l’environnement, ce qui n’est pas sans accroître son danger pour l’environnement et la santé des habitants”.