Tunisie-Justice, Khaled Fakhfakh condamné à 8 mois de prison, est-ce juste?

Les Samir Majoul, Abdelmajid Ezzar, Tarak Cherif, attendez-vous à être condamnés à la prison si vous osez un jour exprimer un point de vue officiel par rapport à un acte répréhensible de la part de l’un de vos adhérents.

Votre rôle en tant que syndicats est de défendre vos adhérents, quel que soient leurs actes même si cela se répercute négativement sur votre secteur d’activité et la profession, sinon vous risquez de voir l’article 86 du code des télécommunications tomber tel un sabre sur vos têtes.

C’est le cas de Khaled Fakhfakh, président de la FTH (Fédération tunisienne de l’hôtellerie), jugé par défaut à 8 mois de prison ferme pour avoir exprimé, dans un communiqué au nom de la FTH, sa consternation suite à la tentative d’immobilisation illégale d’un avion de la compagnie Condor sur l’aéroport de Djerba il y a quelques mois.

Ledit communiqué condamne également la décision de la compagnie de cesser toute activité sur la Tunisie, arguant des répercussions négatives sur les touristes, sur l’image de la destination, sur le secteur touristique ainsi que sur l’économie nationale.

Il s’agit, rappelons-le, de clients du TO Thomas Cook mis brutalement en faillite. Sous les mêmes cieux, le sieur Imed Daimi contre lequel le député Mabrouk Khorchid a porté plainte sous l’article 86 du code des télécoms, fut condamné, lui, tout simplement à une amende dérisoire.

L’article 86 stipule ceci : «Est puni d’un emprisonnement de un (1) an à deux (2) ans et d’une amende de cent (100) à mille (1 000) dinars quiconque sciemment nuit aux tiers ou perturbe leur quiétude à travers les réseaux publics des télécommunications».

Pour précision, dans le communiqué de la FTH, on ne cite pas de noms mais on dénonce les agissements individuels et isolés de certains hôteliers qui compromettent la reconstruction d’une confiance indispensable envers nos partenaires étrangers.

Eh oui, c’est suffisant pour vous emprisonner messieurs dames les responsables des syndicats patronaux si vous assumez votre responsabilité dans la préservation du secteur que vous représentez et la protection de ses intérêts.

Que c’est beau la démocratie et les droits de l’Homme lorsque votre liberté dépend largement de l’interprétation que fait un juge d’un article de loi !

Devons-nous considérer la condamnation de Khaled Fakhfakh comme un scandale d’Etat ?

Le concerné, lui, a confiance en la justice et a foi en sa capacité à trancher dans toute affaire en considérant tenants et aboutissants sans parti pris et sans aucune implication personnelle !

Une justice impartiale, c’est le vœu de tout Tunisien car le jour où il n’y aura plus de justice, c’est le chaos qui régnera.

Croisons les doigts.

A.B.A