Diabète : Économie d’un tueur silencieux

À l’occasion de la journée mondiale du diabète du 14 novembre, notre rédaction s’est intéressée à l’économie de cette maladie chronique. Nous avons déjà été choqués par le nombre de malades en Tunisie : 750000 selon les estimations les plus basses et 1,1 million selon les estimations les plus vraisemblables. Pas étonnant donc que le diabète soit à lui seul responsable de 10 % des décès en Tunisie, chiffre relayé par plusieurs médias locaux ces derniers jours. Sur express FM le 14 novembre 2017, le président de la société tunisienne de diabétologie, Docteur Mohamed Abid, a évoqué le coût du Diabète. Selon cet expert dont l’aura dépasse nos contrées, les médicaments ne représentent que 8 % du coût de la prise en charge d’un diabétique alors que ce sont les complications à long terme de cette maladie qui représentent le premier poste de dépense avec 80 %. En nous renseignant sur ces fameuses complications, nous avons appris que le diabète en lui même ne tue pas. Ce sont ses complications cardiaques, rénales, neurologiques et oculaires qui coûtent la vie aux patients et coûtent cher à notre système de santé. Ainsi, le forfait dialyse coûte selon une source de la CNAM 12000 dinars par an. Les médicaments les plus chers du diabète coûtent seulement entre 80 et 150 dinar par mois. Pour pousser notre logique plus loin, nous nous sommes aventuré sur le site web de la fédération internationale du diabète et la page Facebook de la Société Tunisienne de Diabétologie et de Maladies Métaboliques (STEDIAM). Nous avons ainsi pu résumer la stratégie de prise en charge du diabète en 3 étapes clés :

  • diagnostique précoce En effet le diabète est une maladie silencieuse et quand elle présente des manifestations cliniques, il est déjà tard et les fameuses complications sont là. Toujours selon le président de la STEDIAM, Dr. Abid, peu d’investissement sont fait dans ce domaine.
  • traitement efficace Comme expliqué plus haut, plus on traite vite et bien le diabète, moins il y a de complications et moins il coûte cher à la santé du patient et aux caisses sociales. Or, dans son intervention dans la matinale de Nessma TV le 8 novembre 2017, Dr. Mervet Kammoun, vice présidente de la STEDIAM déplorait que les médicaments les plus innovants arrivent tardivement en Tunisie. Elle a même dénoncé que – paradoxalement – certains médicaments dûment approuvés par les services compétents du Minsitère de la Santé Publique depuis plusieurs années, ne soient pas pris en charge par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie.
  • Auto-surveillance par le malade lui même Afin de s’assurer de l’efficacité de leur traitement, les diabétiques doivent pouvoir vérifier leur taux de sucre dans le sang une à deux fois par jour. Pour ce faire il ont besoin d’appareil spécifiques dont les consommables ne sont pas remboursés par la CNAM. • Education des malades Le diabète est maladie envahissante. Elle change le rythme de vie, les habitudes alimentaires et l’activité du malade. Elle impose un traitement chronique et contraignant. Pour l’affronter, un malade doit être dûment éduqué selon les recommandations de la fédération internationale du diabète. En questionnant le net, nous avons découvert deux institutions qui s’occupe de cette activité: la maison de Diabète de Tunis et la maison du Diabète de Sfax. Ainsi, des défaillances sont identifiées sur toute la chaîne de prise en charge de ce tueur silencieux qu’est le diabète. Comme tous les autres pans de l’économie, la santé ne semble pas échapper à la règle : « investir pour mieux prospérer » ou en langage plus médical : « vaut mieux prévenir que guérir ».