Tunisie – ARP : Les députés appellent le gouvernement à ne pas faire usage de la force lors des manifestations

Les députés à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont appelé le gouvernement à “ne pas faire usage de la force et à informer le peuple sur les ressources énergétiques du pays et traiter ce dossier en toute transparence afin de lever le doute que nourrissent les manifestants et les Tunisiens en général à ce sujet”.

Les députés s’exprimaient mardi, lors d’une séance plénière consacrée à l’examen de la situation générale dans le gouvernorat de Tataouine et des conséquences du sit-in d’El-Kamour.

Les intervenants ont souligné la nécessité de respecter le droit à la manifestation pacifique et à l’expression des revendications légitimes “sans verser dans la violence et recourir aux actes de vandalisme”.

Intervenant lors de cette séance, le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, a indiqué que la situation actuelle du pays est délicate “exigeant de passer outre les conflits idéologiques et politiques et de se concentrer sur l’unité du pays”.

Il a, par ailleurs, exprimé le refus de tout mouvement de manifestation ayant un aspect violent ou allant à l’encontre de l’Etat ou de la loi, pouvant causer des dégâts au niveau des biens publics.

Selon Ennaceur, le gouvernement doit accélérer la mise en application de ses engagements vis-à-vis des revendications avancées par les manifestants concernant l’emploi et les questions de développement à Tataouine afin de mettre fin aux tensions dans la région.

La députée Samia Abbou (groupe démocrate) a souligné la nécessité de faire la différence entre le système et l’Etat. “L’appel au renversement du régime ne signifie pas forcément l’appel au renversement de l’Etat”, a-t-elle soutenu.

Selon elle, le gouvernement œuvre à occulter la vérité et à tendance à protéger les corrompus plutôt que de combattre la corruption.

Pour sa part, le député Taoufik Jomli (Union patriotique libre) a souligné la nécessité pour le gouvernement de “dire la vérité au peuple tunisien et de ne plus accuser des parties non identifiées d’être derrière ce climat de tensions”.

“Il faut livrer des noms afin de définir les responsabilités”, a-t-il dit, appelant le président de la République et ses proches à prendre une certaine distance par rapport à la gestion des rouages de l’Etat qui ne relèvent pas de ses compétences.

Pour Tahar Foudhaiel (bloc Nidaa Tounes), il est nécessaire de changer la politique adoptée à l’égard des régions marginalisées, estimant que les gouverneurs des régions de l’intérieur ne communiquent pas suffisamment avec les citoyens pour connaître leurs préoccupations réelles. Cela est de nature à aggraver le manque de confiance entre les citoyens et l’Etat, a-t-il souligné.

De son côté, le député Zied Lakhdar (Front populaire) a appelé à l’organisation d’élections anticipées car “le gouvernement actuel a échoué”.
Le traitement du gouvernement du dossier des ressources énergétiques manque de transparence, a-t-il regretté.

Selon le député du mouvement Ennahdha, Abdellatif Mekki, il est impératif que les partis politiques reprennent leur rôle d’encadrement des manifestations et des mouvements populaires.

D’après Ali Laârayedh (Ennahdha), une minorité a imposé sa vision à la majorité du peuple et l’a remontée contre le système, mettant en garde contre le fait que “les objectifs de la révolution, notamment le développement et l’emploi, soient exploités pour semer le chaos dans le pays”.