Foire Internationale du Livre de Tunis 2017

Une rencontre-débat a été organisée samedi 25 mars avec les lauréats des prix de la 33ème édition de la Foire Internationale du Livre de Tunis 2017, dans le cadre du programme culturel.

Cette rencontre-débat modérée par Hichem Rifi, Professeur en Langue et littérature arabes, a été l’occasion pour les lecteurs de connaitre de plus près les écrivains lauréats des prix de la Foire ainsi que les œuvres primées.

La parole a été donnée à Sadok Ben Mhenni lauréat du Prix Sadok Mazigh pour la traduction en langue arabe, de l’ouvrage de Habib Boularès “Histoire de la Tunisie : les grandes dates, de la Préhistoire à la Révolution”, un prix remporté conjointement avec Amira Ghenim qui avait traduit l’ouvrage capital du philosophe américain John Rogers Searle ” Les actes de langage. Essai de philosophie linguistique “. Ben Mhenni a rappelé ses débuts dans la traduction en remontant cette vocation à son parcours militant au sein du mouvement Perspectives où il a traduit plusieurs textes idéologiques.

Il n’a pas manqué également de mentionner l’expérience carcérale qui lui a permis d’aiguiser ses talents de traducteur en facilitant l’accès à certains textes en arabe pour des compagnons de cellule francophones. Il a révélé qu’il n’a pas choisi de traduire l’œuvre de Boularès et que c’était plutôt une demande de l’éditeur Cérès qui lui a demandé également de demeurer strictement fidèle au texte original alors qu’il aurait aimé améliorer certains passages.

C’était par la suite le tour de Baccar Gherib, lauréat du Prix Tahar Haddad pour les recherches en littérature et sciences humaines pour son essai ” Penser la transition avec Gramsci – Tunis 2011-2014″, un prix remporté conjointement avec le juriste Yadh Ben Achour pour son ouvrage ” Tunisie une révolution en pays d’islam “, de s’exprimer: ” J’ai eu recours à la pensée d’Antonio Gramsci, à l’occasion du 80ème anniversaire de la disparition de ce philosophe, écrivain et théoricien politique italien, pour mieux comprendre la transition démocratique que vit la Tunisie depuis 2011 étant donné que Gramsci lui-même avait dû affronter une épreuve similaire au début du siècle dernier, ce qui fait de lui une référence actuelle… “.

Pour Kamel Zaghbani lauréat du Prix Béchir Khraief pour son roman ” Machina Bona Hora ” (Makinet Essaada ) ” C’était un immense honneur pour moi de remporter ce prix qui porte le nom du grand Béchir Khraief et qui coïncide avec les festivités du centenaire de sa disparition. Je considère Khraief comme l’un des plus grands romanciers au monde aux côtés de monstres sacrés de la trempe de Dostoïevski et M?rquez, puisqu’il a réussi à écrire des romans universels tout en partant des spécificités tunisiennes… “. Parlant de son œuvre, Zaghbani a révélé qu’il lui a fallu 11 ans (2004-2011) pour pouvoir la boucler. Il explique cette longue période par les conditions pénibles qui l’ont obligé à abandonner l’écriture pour descendre à la rue et dénoncer les assassinats de Chokri Belaid, Mohamed Brahmi et des soldats au Mont Chaâmbi…

Entretemps, il avait dû se consacrer également à la rédaction de sa thèse de doctorat en philosophie.

Le technicien supérieur en maintenance industrielle Mohamed Fattoumi, vainqueur du Prix Ali Douagi pour la nouvelle pour son œuvre ” Tout ce que rêve Rose lunaire”, a affirmé qu’il a débuté l’écriture à l’âge de 31 ans et qu’il vient d’un univers de lectures poétiques qui ont beaucoup influé son style d’écriture, avant d’ajouter ” J’ai choisi 21 nouvelles parmi plus d’une soixantaine pour former mon premier ouvrage publié, il faut toujours être exigeant avec soi-même pour pouvoir décrocher ce genre de prix. “.

Pour terminer cette rencontre-débat, la parole est revenue à Ridha Laabidi lauréat du Prix Ouled Ahmed pour la poésie pour son recueil ” Fawqa rassiffin baridin”, le poète expatrié en France a affirmé qu’il lui était difficile de parler de son œuvre et qu’il laisserait volontiers le soin de le faire aux critiques et aux lecteurs, avant de renchérir ” J’ai assemblé des textes écrits entre 2008 et 2012 et qui appartiennent à la même atmosphère, celle de la nostalgie à la mère, au pays et aux origines… “.