De cette prise de conscience faite autour d’un mal-être en méditerranée et la difficulté de passer d’une rive méditerranéenne à l’autre, sont nées en France les rencontres littéraires “Racines de ciel” qui font le tour de la méditerranée pour une mise en réseau des acteurs du livre et intellectuels.
“Racines de ciel”ont débarqué vendredi au stand de la France, invité d’honneur de la Foire internationale du Livre de Tunis 2016 pour un débat autour de l’identité culturelle en méditerranée modérée par Mychelle Leca et en présence de deux intellectuels, le Turc Timour Muhiddine et le Libanais Albert Dichy.
Timour Muhiddine a notamment parlé de la traduction et du transfert des savoirs en littérature, sciences sociales, histoire ou sociologie produites dans une des langues en méditerranée qui “semblent totalement ignorées par l’un et l’autre vivant en méditerranée”.
A cet égard, il a évoqué le cas de la Turquie où “la littérature arabe contemporaine est totalement méconnue”. “Les turcs qui s’intéressent à l’arabe en général sont des gens très connotés idéologiquement”, a estimé Timour Muhiddine.
Il a parlé des maisons d’éditions et des universités qui réclament que des jeunes se spécialisent en langue arabe contemporaine et en culture arabe contemporaine.
Mais selon lui, la situation est la même que se soit en Turquie ou dans d’autres pays arabes où personne ne s’investit effectivement pour apprendre la langue de l’autre.
En Turquie, comme en méditerranée, cet espace qui nous sépare et nous rapproche à la fois, “Il n’y a aucun obstacle, si ce n’est linguistique”, a-t-il estimé surtout que la littérature turque est plus proche des arabes que n’importe qu’elle autre littérature.
Pour Albert Dichy, ce Libanais parti très jeune en France, il dit se trouver “dans une situation de partage entre plusieurs identités”.
Ce sentiment chez lui, se traduit par une vision d’une “méditerranée où les pays ne sont jamais très loin, pas comme dans l’atlantique ou le pacifique où on est à des distances incommensurable.”
Istanbul, Alexandrie, Beirut, qui étaient de grandes villes cosmopolites ont aujourd’hui perdu beaucoup de leur cosmopolitisme, a-t-il regretté, faisant remarquer que de nos jours “le métissage culturel est devenu curieusement le plus fort dans les grands lieux du cosmopolitisme tels que Paris, New York et Londres.”
Son constat est que “le repli identitaire dans le monde méditerranéen actuel” a fait que ces pays ont perdu un peu de leur cosmopolitisme. Malgré la situation et les inquiétudes, Dichy se montre optimiste quant à l’avenir de la méditerranée qui “avec le temps, gagnera par la force des choses”.