La fête des romans et des romanciers tunisiens s’est terminée samedi soir au Théâtre municipal de Tunis avec la remise des Prix littéraires Comar d’Or 2015.
La 19ème édition a récompensé Chokri Mabkhout pour son roman en arabe “Ettaliani” (L’italien) et Anouar Attia en langue française pour son roman “Les Trois Graces”.
Deux coups de coeur, selon les deux jury, choisis pour leur distinction dans le récit, leur habilité, comme de bons ouvriers à construire une coquille vide avec leur intuition, dégageant une certaine force de regard sur le monde avec une approche singulière qui transfigure les objets, les êtres et les événements. Toutefois, une grande déception pour les amis du livre en langue française au niveau du prix spécial du Jury.
“La tâche n’a pas été facile, il fallait faire des choix et le jury s’est abstenu à l’unanimité de le décerner cette année” a mentionné Meriem Belkhadhi, présidente du jury en langue française. Seul le roman en langue arabe s’est vu attribué le mérite, en l’occurrence Jamel Jelassi pour “Le bey des bédouins”.
Académiciens, chercheurs, auteurs, assureurs, journalistes et tous les passionnés de lecture ont été nombreux hier soir à assister à la cérémonie de remise des prix, rehaussée de la présence de la ministre de la culture et de la sauvegarde du patrimoine Latifa Lkhdhar et notamment de Rachid Ben Jemia, président directeur général des assurances Comar et Président du comité d’organisation des Prix.
A cet égard, le romancier Comar d’Or 2015 Anouar Attia, a tenu à rendre un vibrant hommage au mécénat culturel dont “les assurances Comar sont le fleuron pour leurs efforts assidus et réels afin de remettre à sa juste valeur le roman et le romancier tunisien” s’est-il exprimé”.
Toutefois, a-t-il avancé “il ne faut pas oublier aussi les maisons d’édition citant l’exemple des Editions Sahar qui, dans l’indiscrétion, font d’énormes efforts en vue de faire émerger une large variété de parutions notamment les publications en langue anglaise”. Primé en 2002 pour son roman “Hayet” ou “La passion d’Elles”, Attia a lancé un appel pressant au ministère de tutelle afin de surmonter ce qu’il a qualifié de “déficit flagrant des belles lettres et du secteur des livres et de l’édition en général en Tunisie”.
Dans cette fête ayant commencé par un prélude musical de l’Orchestre de Abdelbasset Metsahhel, et terminée par la voix de la diva Leila Hjaiej, cinq prix en tout ont été remis cette année dans une compétition assez serrée.
Et c’est parce que “les lois romanesques ne sont pas morales mais esthétiques” a relevé la présidente du Jury en langue française, “plusieurs oeuvres ont été éliminées cette année car elles n’ont pas obéi aux critères des oeuvres romanesques et des fictions”.
Seuls les romans évalués pour la qualité de point de vue écriture et sujets abordés ont été primés, “avec objectivité et après des journées entières de lecture et de longues heures de discussions pour pouvoir trancher autour de la plus belle écriture romanesque” a-t-elle précisé.
A cet effet, le lauréat Découverte d’Or 2015 an langue arabe Nebil Gueddiche a souligné que “loin d’être visionnaire, le roman tunisien prendra dans dix ans les arènes de la scène romanesque arabe”. Un avis partagé par Chokri Mabkhout, “Il faut vraiment y croire pour que le roman tunisien retrouve ses lettres de noblesse” a-t-il rétorqué.
Pour ce quatrième et dernier samedi du mois d’avril comme chaque année, la 19ème édition de Comar d’Or a pris fin tout en donnant rendez-vous à l’édition 2016. Une édition bien spéciale puisqu’elle marquera le 20ème anniversaire du “rendez-vous comarien”. En attendant le line-up 2016, l’aventure Comar vient de clore ainsi 19 éditions, avec au passage 353 romans arabes en compétition, 197 en français, et 119 lauréats dans les deux langues depuis la première édition en 1997 dont le Comar d’Or a été décerné au roman français de Ali Becheur “Jours d’Adieu”.