« Rétablir la sécurité en Méditerranée requiert une nouvelle approche plaçant l’être humain au centre de son analyse », ont convenu les participants au deuxième symposium international SUD.SEC.MED sur « les problématiques de la sécurité en Méditerranée », dont les travaux ont démarré, jeudi, à Gammarth.
Ahmed Driss, président du Centre des études méditerranéennes et internationales (CEMI) a, à cette occasion, fait savoir que depuis l’avènement du printemps arabe, le risque sécuritaire s’est considérablement accentué et que les menaces s’avèrent, désormais, plus conséquente qu’au déclenchement des révolutions.
Selon lui, il s’agit, d’une part, de menaces traditionnelles comme le trafic d’armes et de drogues ou le crime organisé, et d’autre part des menaces plus importantes liées à la montée du terrorisme, lequel a élargi son spectre dans la région en se délocalisant vers la rive sud de la Méditerranée. Et pour cause, a-t-il expliqué, les jonctions entre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient sur les problèmes sécuritaires locaux ont poussé les organisations terroristes à s’organiser autrement.
Dans une déclaration à l’agence TAP, M. Driss a fait remarquer que la situation sécuritaire dans le sud de la Méditerranée est actuellement quasi-explosive et menace à la fois ses rives sud et nord, et qu’une réflexion commune et concertée s’impose d’où l’actuel symposium qui se veut une plateforme de coopération et de dialogue entre le sud et le nord concernant la question sécuritaire.
S’agissant de la réforme sécuritaire à engager, Ahmed Driss se dit en faveur d’une nouvelle approche de lutte anti-terroriste qui viendrait rompre avec une législation non respectueuse des droits de l’Homme et préconise d’analyser les causes profondes du fléau en faisant appel à des psychologues et des sociologues afin de comprendre le phénomène et trouver des solutions autres que les solutions radicales du recours à l’arme.
De son côté, Foued Ammor, membre du groupement d’études et de recherche sur la Méditerranée (GERM) au Maroc, a indiqué qu’un long débat a été engagé à l’échelle internationale autour de la qualification des évènements survenus dans la région arabe, appelés, notamment, « révolutions », « éveil », « réveil » et « printemps arabe et démocratique ».
Aujourd’hui, a-t-il ajouté, la communauté des chercheurs sont parvenus, au niveau de la réflexion académique, à un consensus pour dire qu’il s’agit de grandes mutations sociales augurant de perspectives positives, mais que l’enfantement ne va pas se faire facilement.
Interrogé sur la problématique de la sécurité, Foued Ammor a déclaré à la TAP qu’il s’agit d’une notion qui a beaucoup évolué depuis un certain temps et que, selon un grand nombre de projections dans l’avenir, l’horizon n’est pas vraiment radieux pour le monde arabe qui a besoin de se constituer, d’adopter un certain nombre de régles de bonne gouvernance, et d’institutions fortes.
M. Ammor prône une « approche de sécurité humano- institutionnelle », faisant en sorte que la dignité humaine soit respectée, notant qu’un challenge s’impose pour arriver à concilier entre les deux dimensions sécuritaire et humaine et ce, aussi bien au niveau de la conception que de la pratique.
A noter que les travaux de l’actuel symposium, organisé à l’initiative du CEMI et de la fondation Konrad-Adenauer, en collaboration avec le ministère de la défense nationale et avec le concours de l’EuroMESCo, se poursuivront deux jours durant (2 et 3 avril 2013), avec la participation d’une pléiade d’experts euroméditerranéens.
Le Centre des études méditerranéennes et internationales est une organisation tunisienne à but non-lucratif créée en 2005. Membre du réseau euroméditerranéen des instituts de politique étrangère EuroMESCo, le centre a pour mission d’assurer la promotion des études en relation avec les questions méditerranéennes et internationales.