Tunisie – Economie – Finance : 30 milliards d’endettement extérieur

La question de l’endettement extérieur se pose avec acuité dans cette conjoncture économique délicate. Les avis des experts, recueillis par la TAP, divergent sur la solution de cette problématique qui grève l’avenir du pays.

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D’après le président de l’Association Raid Attac, Fethi Chamkhi, «le solde de la dette tunisienne extérieure s’élève, actuellement, à 30 milliards de dinars, contre 24 milliards de dinars, fin 2010, et 4,7 milliards de dinars, en 1987».

Il a indiqué que «le total des emprunts contractés à moyen et long termes, par la Tunisie, durant les 23 ans du régime de Ben Ali, s’élève à 41 milliards de dinars, soit une moyenne annuelle de 1,7 milliard de dinars, alors que les capitaux qui sont sortis du pays, au cours de cette période se montent à plus de 54 milliards de dinars». Selon une étude réalisée, en octobre 2012, par l’Université américaine de Massachusetts, sur l’évasion des capitaux dans les pays de l’Afrique du nord, “le total des capitaux transférés, illégalement, à l’étranger, par le président déchu et sa famille, durant la période 1987- 2010, avoisinait les 62 milliards de dinars”.

S’agissant des crédits auxquels a eu recours le président déchu à court terme, M. Chamakhi a fait savoir qu’ils dépassent de loin ceux contractés à moyen et long termes, d’autant plus qu’ils «ne figurent même pas dans le budget de l’Etat, puisque ces crédits sont remboursés en une année, voire en quelques mois».

Durant l’année 2010, uniquement, «le total des dettes contractées à moyen et long termes s’élevaient à 2641 millions de dinars, contre plus de 7100 millions de dinars des dettes remboursées à court terme ».

Pour ce qui est de la période post-révolutionnaire, M. Chamkhi a fait savoir que “le rythme de l’endettement s’est fortement accéléré au cours de ces deux dernières années, y compris l’année 2013, passant à une moyenne annuelle de 4,5 milliards de dinars”.

« Cette accélération, bien qu’elle soit exigée par les besoins d’une économie sinistrée, suite aux évènements de la révolution, dépasse de loin nos capacités de remboursement », a-t-il précisé, faisant état “d’un grave dérapage de la Tunisie vers le surendettement”.

M. Chamkhi reconnait, qu’une demande de moratoire peut avoir “des répercussions négatives à court terme sur l’économie, surtout au niveau de la baisse de la notation du pays, par les agences de rating, ce qui peut engendrer l’augmentation du coût d’endettement, et aussi la remise en cause de la crédibilité de l’Etat tunisien vis-à-vis des investisseurs”.

Tout moratoire aura des conséquences négatives

L’économiste, Ezzeddine Saidane, ne partage pas cet avis considérant que “tout moratoire ou rééchelonnement de la dette, aura des conséquences négatives, notamment sur la crédibilité du pays, ce qui peut nuire même aux générations futures (conditions de vie, investissement, création d’emplois…)”.

Selon lui, “le principal défi pour la Tunisie pour faire face au problème du chômage consiste en la création d’une moyenne de 100 mille emplois par an, ce qui est tributaire de la réalisation d’une croissance annuelle à hauteur de 7 à 8%, et la mobilisation d’investissements, de l’ordre de 28 à 30% du PIB”.

Di/Tap