Tunisie – Médias : MosaïqueFM fait appel à l’interdiction de diffusion de l’interview d’Abou Iyadh

mosaiqueLe Tribunal de première instance de Tunis a interdit, lundi, à la radio Mosaïque FM de diffuser l’interview du chef du groupe salafiste “Ansar Al Chariaa” Abou Iyadh, poursuivi par la justice tunisienne et internationale.

Mosaïque FM a décidé d’interjeter appel de la décision de justice, motivée, selon une correspondance adressée par le juge d’instruction au représentant judiciaire de la radio, par le fait que “l’interview pourrait comporter des messages codés” et “compromettre le bon déroulement de l’enquête” visant à “arrêter l’ensemble des personnes impliquées avec Abou Iyadh”.

Dans une déclaration à l’agence TAP, Fawzi Jaballah, conseiller du ministre de la justice, a affirmé que son département, représenté par le ministère public, est concerné par l’application de la décision du juge d’interdire la diffusion de l’interview.

“Le juge d’instruction est habilité à faire usage de son pouvoir discrétionnaire et de décider de telles mesures pour préserver l’ordre public”, a-t-il indiqué, soulignant que la radio a le droit d’interjeter appel.

Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) et le syndicat des jeunes journalistes ont dénoncé la décision d’interdire la diffusion de l’interview.

Le secrétaire général du SNJT Mongi Khadhraoui a déclaré à l’agence TAP que “cette décision est contraire à la loi et se base sur des considérations politiques visant à museler les journalistes et à restreindre la liberté de la presse”.

Le juge d’instruction n’a pas la compétence pour prononcer de telles décisions “qui sont exclusivement du ressort du président de la haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), tel que prévu dans le décret-loi 116”, a-t-il insisté.

L’association des jeunes journalistes a qualifié la décision de “dangereuse” et “portant atteinte à la liberté d’expression et du travail journalistique”. “Ce qui arrive aujourd’hui avec Mosaïque FM est le résultat des défaillances du décret-loi 115 qui, prévient un communiqué du syndicat, impose des restrictions au travail journalistique au nom de prétextes génériques comme la préservation de l’ordre public”.

Abou Iyadh, de son vrai nom Seifallah Ben Hassine, est recherché pour “meurtre avec préméditation”, “complot contre la sécurité intérieure de l’Etat”, “agression contre la sécurité extérieure de l’Etat” et “constitution d’une bande pour attenter aux biens des personnes”.

Il est également accusé d'”appartenir à une organisation terroriste à l’intérieur et à l’extérieur du territoire de la République”, de “recruter et entraîner des personnes dans le but de commettre un acte terroriste” et d'”utiliser le territoire tunisien afin de commettre et participer à un acte terroriste contre un pays étranger et ses citoyens”, selon le texte de la correspondance.

DI/TAP