Menaces sur l’artisanat tunisien

artisanat cuir

Une “menace de disparition” plane sur le secteur de l’artisanat, qui représente pourtant l’identité tunisienne, l’authenticité de notre culture et un héritage précieux à préserver. C’est ce qu’affirme Salah Amamou, président de la Fédération nationale de l’Artisanat (FNA), relevant de l’UTICA, dans un entretien accordé à l’Agence TAP.

Il estime que les artisans et les responsables des structures de promotion et d’appui à cette filière ne cessent d’attirer l’attention, des autorités, sur les difficultés auxquelles fait face le secteur. Parmi ces problèmes, M. Amamou cite, en premier lieu, les difficultés d’écoulement des produits artisanaux sur les marchés intérieur et extérieur.

Contrebande…

D’après lui, la contrebande, phénomène qui a gagné du terrain depuis la révolution, et les produits de contrefaçon, d’origine chinoise en particulier, ont envahi les marchés tunisiens et partant ont condamné à la stagnation, les produits artisanaux locaux.

“Prisés pour leurs bas prix, ces produits, en dépit de leur qualité médiocre, ont fortement, concurrencé l’artisanat local, qui a fini par perdre une grande part de marché, en l’absence d’un soutien de la part de l’Etat”.

Rien que pour le tapis traditionnel tunisien, qui constitue l’épine dorsale du secteur de l’artisanat, Amamou avance un chiffre alarmant concernant la chute de sa production, “qui est passée de 426 mille m2 en 2001, à seulement 68 800 m2 en 2013. Cette baisse résulte aussi, du manque d’encouragement des jeunes à s’intégrer dans le secteur de l’artisanat”.

Refus des jeunes à prendre la relève

Alors que le secteur souffre déjà de problèmes d’écoulement et de commercialisation des produits, les Tunisiens et notamment, les jeunes semblent réticents à investir dans cette activité et à prendre la relève à leurs prédécesseurs.

M. Amamou estime que “ceux-ci ne veulent pas prendre de risques, à un moment où la conjoncture économique manque de visibilité à long terme et que la sécurité dans le pays n’est pas encore, totalement, rétablie”.

D’après lui, la solution pour le problème de la commercialisation des produits de l’artisanat, réside dans l’application de la loi, concernant la lutte contre la contrebande et le renforcement des actions de contrôle pour dissuader les contrevenants.

Parallèlement, “il est opportun de rouvrir le centre de la SOCOPA, pour renforcer les structures de l’Office National de l’Artisanat (ONA)”, recommande-t-il, relevant que cette structure publique était “la garante” du développement du secteur et de l’écoulement de la production nationale.

Les professionnels de la FNA, ont appelé à réintégrer le secteur de l’artisanat au sein du ministère du tourisme et à créer un portail pour la promotion de cette filière. La formation constitue, également, le talon d’achille du secteur de l’artisanat. Mme Raja Ayadi, chargée de mission et directrice de la communication au sein de l’ONA, estime que ce volet a été “marginalisé, depuis qu’il a été séparé de l’ONA”.

L’Office de l’artisanat dispose, pourtant de ses propres structures, telles que les commissariats régionaux qui devaient normalement jouer un rôle prépondérant dans la formation des jeunes mais aussi, dans la lutte contre l’exode rural à travers, notamment, la dynamisation des villages artisanaux, dans les régions, ajoute-t-elle.

Pour les professionnels, le prochain salon de l’artisanat pourrait être une solution pour aider les artisans et artisanes à vendre leur production, mais ne peut en aucun cas, remédier à tous les maux “structurels” du secteur.

La 31ème édition du Salon de l’artisanat, du 25 avril au 4 mai 2014, au Kram

La 31ème édition du Salon national de l’artisanat va se tenir du 25 avril au 4 mai 2014, au Parc des Expositions du Kram, à l’initiative de l’ONA et de la FNA.

“Ce salon va revenir avec une nouvelle conception, puisque nous avons opté, cette année, pour une organisation thématique dans la perspective d’attirer davantage de visiteurs, de faciliter leurs accès aux produits qu’ils recherchent et aussi de mettre en valeur chaque filière et chaque spécialité à part”, précise Mme Ayadi.

“Cette approche a aussi, une dimension promotionnelle pour les exposants, elle permettra de mettre en évidence la diversité et la richesse de l’artisanat tunisien et sa capacité à répondre aux demandes quotidiennes et événementielles, dans le cadre d’espaces collectifs ou privés”.

Les Tunisiens vont découvrir à la 31ème édition du salon de l’artisanat, une offre composée de meubles à base de plusieurs matières naturelles (bois, bambou, rotin…), de tissus “fait-main”, de tapis et de tissages traditionnels (mergoum, klim, tissus muraux), de produits à base d’alfa, de rideaux et aussi, d’habits traditionnels et accessoires de mode.

Des stands seront réservés à la bijouterie, au cuir et chaussures, aux écharpes, aux chéchias (couvre-chef traditionnel)…..

L’espace de l’architecture et aménagement extérieur, présentera les activités liées à la taille de la pierre, l’art de la forge, les mosaïques, les utilisations du marbre et tous les produits liés à la construction et au jardinage.

Pour les amoureux des arômes originaux, le salon de l’artisanat 2014, réservera un espace aux parfums distillés à partir des herbes et des fleurs.

Outre les espaces habituels consacrés aux jeunes promoteurs, l’ONA a réservé des espaces aménagés pour les enfants, dans l’objectif de stimuler leur imagination et esprit de créativité et aussi, les rapprocher de leurs origines, du legs de leurs ancêtres et du patrimoine artisanal national.

Deux espaces de compétition seront aménagés au sein du salon, le premier est réservé aux “olympiades du tapis”, un concours national pour l’artisane la plus rapide dans le tissage du tapis et le second pour un concours national du meilleur habit traditionnel masculin.

Pour mémoire, le secteur de l’artisanat contribue à hauteur de 2%, aux exportations tunisiennes. Il compte 523 entreprises exportatrices, 72 magasins accrédités et 75 filières artisanales.

350 mille artisans exercent dans ce secteur qui crée chaque année 7.000 emplois.