Les participants à la table ronde organisée ce samedi à Tunis par l’association “Sport au Féminin” autour du thème “l’éducation physique : réalité et perspectives”, ont considéré à l’unanimité que l’éducation physique en Tunisie passe par une crise d’identité au sein des établissements scolaires et connait plusieurs difficultés qu’on ne peut dissocier du système éducatif actuel, ce qui requiert une nouvelle approche d’enseignement de cette discipline scolaire.
Le directeur général de l’éducation physique, de la formation et de la recherche au sein du ministère de la jeunesse et des sports, Hafsi Bedhioufi, a indiqué, à cette occasion, que “l’éducation physique en Tunisie est passée depuis l’indépendance par des étapes importantes dont les répercussions sur la réalité de cette discipline sont multiples”.
“L’éducation physique a occupé depuis l’indépendance une place prépondérante avant de connaître quelques réformes portant sur la pédagogie d’objectifs, c’est-à-dire des critères quantitatifs, qui ont eu des répercussions négatives sur le secteur dont l’élimination d’un grand nombre de talents”, a-t-il rappelé.
Il a ajouté que “l’absence d’une approche d’avenir a d’autre part aggravé la situation du secteur, ce qui a été à l’origine du chômage de milliers de diplômés des instituts supérieurs du sport, chose qui a vidé la matière d’éducation physique de son sens et entrainé la réduction des heures d’enseignement de cette matière alors que d’autres établissements scolaires ne reconnaissent pas cette matière soit par manque de cadre enseignant soit pour absence d’espaces”, a expliqué le responsable du ministère.
Bedhioufi a ajouté que “la question d’unification de l’employeur avec la possibilité de transférer l’EPS du ministère du sport au ministère de l’éducation, fait partie actuellement des principaux soucis du secteur qui constituent une entrave à tous les programmes de réforme”.
De son côté, Kamel Khedhir, inspecteur d’éducation physique au commissariat régional de la jeunesse et des sports de Nabeul, a souligné que “la matière d’éducation physique et sportive en Tunisie n’est plus en phase avec les changements pédagogiques et scientifiques, et ceci touche tout le système éducatif qui ne tient pas compte des nouvelles approches, des besoins et des intérêts des élèves”.
“”La réforme du système de l’EPS passe obligatoirement par l’adoption de l’approche par compétences au lieu de la pédagogie d’objectifs sans oublier d’autres mesures portant sur l’augmentation des heures d’éducation physique, l’adoption de méthodes répondant aux intérêts des élèves, le respect des budgets alloués à cette matière tout en veillant à améliorer les textes législatifs organisant la relation entre le ministère de l’éducation et celui de la jeunesse et des sports concernant cette matière”, a-t-il ajouté.
Parmi les autres points débattus la question de répartition des heures d’enseignement de l’éducation physique tout en respectant les calendriers des enseignants, l’amélioration des conditions de travail des enseignants et la réhabilitation du sport scolaire et l’aménagement du temps scolaire.
Les participants ont par ailleurs refusé la propositiion d’unification de l’employeur qui, selon des spécialistes présents, “anéantirait la matière d’éducation physique et sportive au cas où elle sera sous la tutelle du ministère de l’éducation”.