Tunisie : Mustapha Khedher accusé de “meurtre avec préméditation” dans l’assassinat de Brahmi

Le juge d’instruction du 12e bureau en charge du dossier des assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi a accusé Mustapha Khedher de meurtre avec préméditation, a révélé l’avocate et membre du collectif de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, Najet Yaacoubi.

Lors d’une conférence de presse tenue jeudi au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens, Yaacoubi a précisé que le juge d’instruction a attribué 22 autres accusations à Khedher, et ce sur la base de l’examen de certains documents saisi dans la ” chambre noire ” du ministère de l’intérieur et à la lumière de nouvelles preuves.

” Une partie des documents saisis et examinés par le juge d’instruction sont relatifs à l’organisation secrète du mouvement Ennahdha.

D’autres documents compromettant le responsable de la branche armée du groupe terroriste ” Ansar Al-Charia “, Mohamed Awadi, ont été trouvés. Ces documents font état d’instructions pour escorter Awadi et faciliter sa sortie du territoire tunisien ” a révélé l’avocate.

Selon Yaacoubi, les documents en question comportent plusieurs listes de délinquants, dont, Ameur Belaâzi qui s’est vu confié la mission de se débarrasser en mer des armes ayant servi dans l’assassinat des deux dirigeants de gauche.

Le juge d’instruction a également pris connaissance des correspondances adressées par Mustapha Khedher au ministère de l’intérieur au sujet des mouvements du terroriste Abou Bakr Al-Hakim accusé de l’assassinat de Mohamed Brahmi.

Pour sa part le membre du collectif Ridha Raddaoui a souligné l’importance des aveux présentés, le 3 janvier 2019 par Mustapha Khedher, devant le juge d’instruction du 12e bureau et dans lesquels il dit connaitre Ameur Belâazi.

” Ces aveux ont permis au collectif de découvrir que le sous-fifre personne qu’utilisait Mustapha Khedher pour perpétrer des agressions contre les personnes, comme ceux commises durant les événements du 9 avril 2012, n’est autre qu’Ameur Belâazi. Ce dernier est le lien entre Khedher et l’organisation secrète du mouvement Ennahdha, ce qui explique le vol et la disparition de ses procès verbaux “, a fait savoir Raddaoui.

Selon le membre du collectif de défense, Khedher a également reconnu ses liens avec l’oncle maternel d’Abou Bakr Al-Hakim, lui-même lié au mouvement Ennahdha.

Il a aussi avoué être à l’origine de la descente effectuée, le 17 juillet 2013, par les forces de l’ordre dans la maison de la tante d’Abou Bakr Al-Hakim, suite à une missive anonyme qu’il avait envoyée au ministère de l’Intérieur et qui contenait plusieurs informations sur Al-Hakim.

Pour Raddaoui, l’accusation portée contre Mustapha Khedher, est une première étape pour porter d’autres accusations à certains dirigeants d’Ennahdha liés au principal accusé.

” Les procès-verbaux concernant l’organisation secrète du mouvement Ennahdha sont prêts, ” a-t-il fait observer.

Il a ajouté dans ce sens que le ministre de l’intérieur est impliqué dans le vol de documents concernant le dossier des assassinats, lesquels ont disparu de la ” chambre noire “.

Le ministère de l’Intérieur a toujours nié l’existence de ladite chambre.

Lors d’une conférence de presse donnée le 2 octobre 2018, le Collectif de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi avaient présenté un ensemble de documents justifiant les liens entre Mustapha Kheder et le Mouvement Ennahdha.

Une partie de ces documents a été découverte en décembre 2018 au domicile de Khedher et se trouve actuellement dans une chambre noire au ministère de l’Intérieur.

A ce propos, il avait appelé le ministère de l’Intérieur à ouvrir la ” chambre noire ” en rapport avec l’assassinat des deux martyrs et à cesser de protéger la structure impliquée dans ces crimes et qui, selon lui, ” agissait sous la protection d’Ennahdha en 2013 “.