Tunisie – ARP : Echanges d’accusations entre les groupes Front Populaire et Ennahda sur fond du dossier des assassinats politiques

La séance plénière consacrée ce lundi à l’audition des ministres de l’Intérieur Hichem Fourati et de la Justice Mohamed Karim Jamoussi, au sujet des révélations faites par le collectif de défense des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, a été marquée par des échanges d’accusations entre le bloc du Front Populaire et celui d’Ennahdha.

Les deux blocs ont exigé à ce que ” la vérité ” soit révélée. Si de son côté le Front Populaire tient à ce que ” toute la vérité soit faite sur les assassinats politiques “, pour sa part Ennahda demande à ce que ” la vérité soit divulguée sur les allégations du Front Populaire “.

Le député Ahmed Seddik (Front Populaire) a estimé que le ministère de l’Intérieur a commis plusieurs inexactitudes concernant les documents trouvés dans ce qui est connu comme ” chambre noire ” au sein du ministère, alors que le juge d’instruction a confirmé aussi bien l’existence de cette chambre que celle des documents liés aux assassinats, lesquels, ont été mis sous scellés.

Ahmed Seddik a mentionné dans son intervention le fait que les responsables du département des archives du ministère de l’Intérieur ont été changés entre 2016 et 2018 et que les opérations de réception et de livraison des documents ont été réalisées dans cette ” chambre noire “.

” Le dénommé Mustapha Khedher (accusé de diriger une organisation secrète liée à Ennahdha et d’être le responsable des assassinats de Belaid et de Brahmi) a révélé dans le procès verbal de l’enquête l’existence de documents, de personnalités et de rapports, or il n’y a aucune trace de ces donnés dans le dossier de l’affaire “, a-t-il ajouté.

Le député du FP s’est interrogé quant à la raison pour laquelle certains documents ont disparu du dossier de l’enquête et qui en est responsable. ” La Tunisie ne supporte plus l’omerta sur le dossier des assassinats des deux martyrs ” a-t-il insisté.

Pour sa part, la députée Bochra Belhaj Hmida (bloc Al Watania) a déclaré ” que le ministre de l’Intérieur n’est pas en droit de refuser de rencontrer le collectif de défense des deux martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi “.

” La question de l’infiltration du ministère de l’Intérieur est une vérité qu’il faudrait admettre. Tous les ministres qui se sont succédé à la tête de ce ministère n’ont jamais essayé de révéler le contenu de la chambre secrète et les détails sur le déroulement des opérations de transfert des documents ” a-t-elle ajouté.

” Les ministères de la Justice et de l’Intérieur ne peuvent pas nier les vérités révélées par le collectif de défense, lesquelles contiennent des témoignages des sécuritaires et des enregistrements importants “, a-t-elle affirmé.

Mongi Harbaoui (Nidaa Tounes) a mis l’accent, quant à lui, sur la nécessité de ne pas réduire l’appareil secret du mouvement Ennahda à la seule personne de Mustapha Khedher, ni à faire de lui un bouc émissaire.

De son côté, la députée Samah Bouhawel (Nidaa Tounes) a souligné que la requête principale reste la divulgation du contenu de la ” chambre noire ” du ministère de l’Intérieur.