Tunisie : Seize ONG appellent à rectifier le processus de justice transitionnelle

Des organisations non gouvernementales ont appelé, lundi, à rectifier le processus de justice transitionnelle afin de réaliser la transition démocratique et consacrer l’Etat de droit.

Ces ONG ont fermement condamné, dans une déclaration, “les multiples tentatives visant à enterrer le processus de justice transitionnelle et fermer les yeux sur les crimes et injustices commis durant des décennies de tyrannie politique”.

Le parlement avait voté, le 26 mars dernier, la non prolongation du mandat de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) en présence de 70 députés uniquement lors d’une séance plénière marquée par des vifs débats et des échanges d’insultes, rappellent les ONG.

Elles ont estimé qu’il s’agit “d’attitudes honteuses qui reflètent non seulement l’ampleur des tiraillements politiques mais aussi l’existence d’une crise morale parmi certains politiques”, lit-on de même source.

Les ONG ont, dans ce contexte, mis en garde contre l’absence d’une volonté politique de la part de plusieurs partis qui ont vu, selon elles, un retour en force des symboles de l’ancien régime.

Cette question est devenue flagrante à travers l’instauration d’une justice transitionnelle parallèle en promulguant la loi sur la réconciliation administrative ou encore à travers l’empêchement de l’IVD d’avoir accès aux documents et archives, ont souligné les ONG.

Il s’agit d’une violation manifeste de la Constitution qui engage, dans son article 148, l’Etat à appliquer le processus de la justice transitionnelle dans tous les domaines.

Les signataires de la déclaration ont souligné leur attachement à la révélation de la vérité et à rendre justice aux victimes, appelant à accélérer le réexamen de la composition de l’IVD.

Elles ont, dans ce contexte, exhorté les différentes forces politiques et civiles de soutenir le système de justice transitionnelle et de le prémunir contre les tentatives de saboter ses objectifs dont au premier plan la réconciliation nationale globale.

Seize organisations ont signé la déclaration dont l’Organisation Euro-méditerranéenne pour les Droits de l’Homme (bureau de Tunis), le Syndicat national des journalistes tunisiens, le Centre de Tunis pour la liberté de la presse, l’Organisation tunisienne contre la torture et le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux.