Il est à peine 14H00, lorsque nous débarquons à l’école primaire 20 Mars de Sidi Hassine Sijoumi, théâtre d’un accident survenu, récemment, et qui a failli coûter la vie à de nombreuses personnes.
Edifice menaçant ruine, une salle de cet établissement a perdu une bonne partie de son toit. Son plafond qui l’a recouvert des années durant s’est subitement effondré sous l’usure du temps.
En cette journée hivernale du mois de janvier, à peine quelques jours après les vacances d’hiver, la tension monte dans cette école habituellement “sans histoire”, située au coeur du quartier populaire de Sidi Hassine Sijoumi, à l’ouest de Tunis.
La cour de l’école est envahie de hauts responsables, qui, aussitôt alertés, se sont dépêchés sur les lieux du drame pour inspecter les dégâts. Le constat laisse voir une salle de classe dans un état de vétusté. Fragilisé par l’humidité, le plafond est partiellement dénudé, dès lors, qu’il laisse apparaître ses tuiles.
Le sol de la pièce est jonché de détritus et de gravats pierreux provenant du toit. Ce décor sinistre vient accentuer la morosité du mobilier archaïque de cette salle que seuls les murs tapissés de dessins laissent entrevoir une empreinte enfantine.
Présent sur les lieux, le directeur de l’école, Salah Harabi, encore ébranlé par l’accident, affirme que le plafond s’est écroulé, à midi, pendant la récréation.
“Dieu merci, aucune victime n’est à déplorer”, affirme-il à l’agence TAP, avant de poursuivre “Depuis l’année dernière, nous avons alerté le commissariat régional de l’éducation de Tunis 2 sur l’état délabré de cette école, mais en vain.”
D’autres salles peuvent s’écrouler à tout moment
“La situation n’est pas unique”, souligne-t-il, précisant que l’école compte cinq autres salles qui présentent un état similaire et peuvent s’écrouler à tout moment.
Il nous conduit, ainsi, vers une salle de classe voisine dont les murs sont fissurés de partout, laissant passer la lumière du soleil, les courants d’air et l’humidité.
Cela n’a pourtant pas empêché Jalila Abdallah d’assurer son cours et de se débrouiller avec les moyens du bord. Cette institutrice a eu l’idée de couvrir toute la partie fissurée du mur avec du papier Kraft.
Tout en essayant de calmer ses élèves, encore en état d’agitation, suite à cet accident, elle assure que l’effritement de ces murs remonte à plusieurs années déjà.
Outre le délabrement de l’infrastructure de cette salle, Jalila évoque un autre problème relatif à l’encombrement des classes, dans la mesure où, le nombre des élèves peut atteindre 44 par classe. “Comment voulez-vous que mes élèves soient motivés alors que les conditions d’étude les plus élémentaires font défaut ?”, se lamente-t-elle.
En sortant de cette salle pour regagner une autre, notre regard a croisé celui de deux élèves ayant franchi l’âge de raison, installés l’un à côté de l’autre derrière leur vieux pupitre d’écolier.
“Nous étions en plein cours, lorsqu’un fracas nous a drôlement secoué.”, témoignent-t-ils, avant de lancer un long cri de détresse aux autorités: “Il faut que l’Etat intervienne au plus vite. Nous sommes confrontés au froid et à la pluie sans compter le risque d’effondrement des plafonds.”
Des conditions d’étude déplorables
Dans la salle voisine, Samira assurait son cours comme si de rien n’était. Lorsqu’elle nous a vus, elle était comme soulagée, si bien qu’elle a interrompu subitement son cours. “23 ans se sont écoulés sans que nul coup de peinture n’ait été repassé. Même les toilettes de cette école sont dans un état déplorable. L’autre fois, un parent d’élève est venu bénévolement déboucher les canalisations.
Vous rendez compte ?”, S’insurge-t- elle, d’un ton exaspéré. En voulant vérifier les propos de Samira, nous nous sommes rendus sur les lieux. Le constat est sans appel : Ces toilettes sont bel et bien dans un état insalubre, si bien qu’elles représentent un milieu favorable à la transmission de maladies graves.
Les odeurs nauséabondes se dégageaient déjà depuis la porte extérieure des toilettes qui s’avèrent “turques”. Selon le directeur de l’école, l’établissement n’a pas bénéficié du programme “le mois de l’école”, lancé l’été dernier et visant à réhabiliter quatre mille établissements éducatifs en Tunisie. “Personne n’est venu. Nous n’avons reçu aucune aide”, déplore-t-il.