Ahmed Othmani : Retour sur l’histoire d’un grand militant des droits humains

Tous les militants des droits de l’homme s’accordent à dire qu’Ahmed Hammami fut un grand défenseur de la dignité humaine et des droits de l’homme durant les années 70.

Othmani, qui a vécu un calvaire dans les prisons tunisiennes dans les années 70, n’a pas, pourtant, cherché à raconter les supplices qu’il avait subis, quand il a quitté la Tunisie. Il a plutôt poursuivi son combat et milité, en silence, en faveur du respect des droits humains, notamment, dans les milieux pénitentiaires.

Ahmed Othmani (1943-1968) a été arrêté en 1968 et condamné à 12 ans de prison. Il a été de nouveau arrêté en 1973 et torturé d’une manière atroce. En 1979, il est sorti de la prison de Borj Erroumm et quitté la Tunisie en 1980.

Il était l’un des cofondateurs de la filiale d’Amnistie internationale-Tunisie en 1984 et a contribué à la création de l’ONG internationale de réforme pénale “Penal Reform International” en 1989, dont il a assuré la présidence.

Dimanche, Amnistie Internationale- Tunisie a organisé à la salle Rio à Tunis, en partenariat avec l’association “Perspectives” et l’association de lutte anti-torture et d’autres organismes des droits de l’homme, une conférence pour mettre en exergue Ahmed Othmani, ses œuvres et son combat pour réformer les systèmes carcéraux dans le monde et défendre le respect des droits humains dans les prisons.

Pour Hamma Hammami, militant de gauche, Ahmed Othmani est “le communiste et le militant des droits de l’homme qui a résisté à 50 coups de matraque sans dire un mot… C’est l’un des plus grands militants des droits de l’homme en Tunisie et dans le monde”.

L’avocate Yasmine Attia, présente à cette rencontre a parlé avec émotion de l’affaire de Maher Mannai, emprisonné en 2004 dans une affaire de meurtre et condamné à tort à la peine capitale, après un procès entaché d’irrégularités.

L’avocate s’est vue décernée le prix du concours des plaidoiries francophones pour sa défense contre la peine de mort intitulée “je pense, donc j’abolis”.

Les activistes des droits de l’homme présents à cette rencontre, ont raconté des histoires de torture, dont celle de Ahmed Othmani, attirant l’attention sur les pratiques d’atteinte aux droits humains et les mauvaises conditions d’incarcération qui persistent jusqu’à ce jour.

La militante des droits de l’homme et avocate Radhia Nasraoui, a affirmé qu’Ahmed Othmani n’a jamais parlé du calvaire qu’il a vécu. Il a consacré tout son temps après avoir quitté la prison, à la défense des droits et de la dignité de l’homme.

Nasraoui reconnaît, par ailleurs, que des cas de morts suspectes au sein des prisons tunisiennes ont été enregistrées par Amnistie Internationale au cours des 10 derniers mois de 2015.

“C’est inconcevable et c’est une atteinte à l’intégrité physique», a-t-elle accusé, rappelant qu’il n’y a point de prescription pour le crime de torture dans la Constitution tunisienne.