“La politique européenne de voisinage (PEV) doit être fondée sur le respect des droits de l’homme”, telle est l’une des principales recommandations issues du dialogue tripartite entre le gouvernement tunisien, l’Union Européenne et la société civile.
Lors d’une conférence nationale marquant la clôture, vendredi à Tunis, du projet “Mobilisation de la société civile dans les relations entre la Tunisie et l’UE”, Lilia Rebai, coordinatrice du projet a souligné que les recommandations formulées aux termes de ce programme, lancé début 2014, seront adressées au gouvernement tunisien et à l’UE.
L’intervenante a souligné que ces recommandations ont mis l’accent sur la nécessité de tenir compte, lors de la révision de la PEV, des besoins spécifiques de la Tunisie, de mettre en place un cadre de coopération bilatéral garantissant le respect des droits des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile et d’adopter un accord commun garantissant la mobilité des migrants et des réfugiés, outre la facilitation des procédures d’obtention de visa pour tous les Tunisiens.
Les organisations de la société civile ont aussi appelé, selon la coordinatrice du projet, à l’application des dispositions de la constitution et des conventions internationales ratifiées par la Tunisie dans le domaine des droits de l’homme, la modification de la loi sur la justice transitionnelle, la mise en place des instances constitutionnelles et la garantie de la justice locale.
Les participants ont souligné la nécessité d’adopter dans les plus brefs délais, la loi intégrale contre les violences faites aux femmes et aux filles et la ratification des conventions sur les droits économiques et sociaux des femmes pour assurer l’égalité des chances et réduire le chômage des femmes en tenant compte des questions de genre dans l’élaboration des lois, du budget de l’Etat et des plans de développement.
Ils ont, en outre, recommandé l’orientation des relations économiques entre la Tunisie et l’UE vers une perspective stratégique qui aide à relever les principaux défis qui se posent actuellement à la Tunisie notamment ceux de la sécurité alimentaire, de l’autonomie énergétique et de la gestion de l’eau.
Ils ont, aussi, appelé à appuyer la coopération technique et scientifique dans le domaine des énergies renouvelables et de l’économie sociale et solidaire. S’exprimant à cette occasion, Michel Tubiana, président du réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) a souligné qu’une centaine de représentants de la société civile actifs dans différents domaines et dans toutes les régions du pays ont participé à ce dialogue tripartite lancé à l’initiative du REMDH.
“L’objectif est de renforcer les capacités de la société civile, de fournir un cadre structurant pour partager les expériences et les connaissances ainsi que pour concevoir des recommandations commune”, a-t-il dit, faisant observer que grâce au dialogue, les membres des groupes de travail ont été impliqués dans des actions de suivi des relations UE-Tunisie et dans des débats et consultations relatifs à la mise en oeuvre du Plan d’Action UE-Tunisie, de la PEV ainsi que la coopération technique et financière.
Michel Tubiana a précisé que le projet a été basé sur quatre thématiques principales à savoir, les droits des femmes et l’égalité hommes-femmes, la réforme de la justice, les droits des migrants et des réfugiés et les droits économiques et sociaux.
Pour sa part, Samira Maraï Feriaâ, ministre de la femme, de la famille et de l’enfance a souligné que ce projet cadre parfaitement avec la consécration de la démocratie participative en Tunisie dont le but est de miser davantage sur la contribution de toutes les forces actives de la société civile afin de pouvoir relever tous les défis d’ordre politique, social et culturel.
Elle a mis l’accent sur l’importance d’établir de nouvelles formes de partenariat avec la société civile afin de pouvoir mener conjointement des actions dans plusieurs domaines.
De son côté, Kacem Affia, secrétaire général adjoint de l’UGTT s’est félicité du rapprochement des points de vue des différents intervenants dans le cadre du dialogue tripartie autour des quatre thématiques principales traités au niveau des relations entre l’UE et la Tunisie.
Il a appelé à mettre en oeuvre les recommandations formulées et à impliquer réellement la société civile à la prise des décisions. Pour sa part, Abdessatar Ben Moussa, président de la ligue tunisienne des droits de l’homme a souligné la nécessité d’institutionnaliser le dialogue tripartite entre le gouvernement, l’UE et la société civile tunisienne qui, a-t-il dit doit être associée à la réalisation des programmes de coopération bilatérale.
Créé en 1997, le réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH) est composé de 80 organisations, institutions et personnes réparties dans 30 pays du nord et du sud de la méditerranée.
Il oeuvre à la défense des droits humains et au renforcement des capacités de la société civile. Le réseau s’est implanté en 2011 en Tunisie pour soutenir les organisations non gouvernementales oeuvrant pour la promotion de la démocratie et des droits de l’homme.