Jean-Baptiste Gallopin : Processus de renouvellement des élites tunisiennes après la Révolution

« Recompositions et reconversions des élites tunisiennes. Sociologie d’un changement de régime », est le thème d’un séminaire organisé, vendredi, à l’initiative de l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC).

Pour décortiquer ce phénomène de renouvellement des élites dans la Tunisie post-révolution, Jean-Baptiste Gallopin, doctorant en sociologie à l’Université de Yale- Etats-Unis a été convié pour exposer les résultats d’une recherche qu’il a menée en Tunisie sur le sujet. Pour ce faire, Gallopin dont l’analyse a privilégié l’approche empirique de la question, est parti du principe « d’autonomie relative de l’Etat » pour expliquer l’absence d’élite susceptible de remplacer l’élite déchue voire le capitale politique et symbolique qui prévaut.

Dans sa lecture chronologique des évènements qui ont contribué à la chute de l’ancien régime et conduit à l’avènement de la révolution tunisienne, le chercheur a évoqué un processus de « Turn Over », soutenant l’idée que l’identité des nouveaux décideurs est tributaire de cet historique politique et que ces nouveaux décideurs n’influent sur la trajectoire du pays qu’à moyen terme. Jean-Baptiste Gallopin a, également, avancé une hypothèse fondée sur la dualité renouvellement-continuité.

Il préconise ainsi, soit un renouvellement total de l’élite politique, soit l’émergence d’une nouvelle élite, ou encore un changement de stature des anciens Hommes politiques. Revenant à l’exemple tunisien, il a expliqué qu’après la révolution, il fallait donner au peuple des gages de stabilité en faisant appel à des personnalités politiques qui n’étaient pas impliquées dans l’ancien régime. L’initiative du dialogue national, a-t-il soutenu a, par ailleurs, favorisé la ré-émergence de la société civile dans la sphère politique et marqué le début d’un processus d’apprentissage et de professionnalisation.

« Le renouvellement du personnel politique ne veut pas forcément dire changement du champ politique », a fait savoir Gallopin, partant du fait que les dirigeants des partis qui constituent l’actuelle élite politique ont su préserver leurs position de décideurs même si plus de 80 pc du personnel politique a changé après les législatives de 2014. Selon cette nouvelle donne, on parle de « champ politique relativement autonome avec une esquisse de professionnalisation », a-t-il conclu.