Le Mufti de la République Othman Battikh a appelé les imams et prédicateurs de toutes les mosquées à s’en tenir aux horaires officiels d’accomplissement des rites (prières, rupture de jeûne, début de jeûne), rappelant que, depuis l’avènement de l’islam, la Tunisie a toujours combiné la loi charaïque et l’astronomie pour déterminer ces horaires.
Le Mufti s’exprimait lors de la journée d’études organisée jeudi à Tunis par le ministère des Affaires religieuses sur le thème “La question des horaires des prières clairement tranchée par le Coran”. Il a considéré que le changement des horaires des prières du Sobh et du Icha dans certaines mosquées pourrait “susciter la gabégie parmi les prieurs”.
Selon lui, il est toujours loisible d’observer une courte période d’attente avant d’accomplir la prière du Sobh, le temps que les prieurs finissent d’arriver sans que cela puisse se prolonger outre mesure, et surtout pas jusqu’au lever du soleil. “Le retardement de l’horaire de la prière du sobh, parfois jusqu’à une heure de décalage, entraîne l’invalidité du jeûne du ramadan”, a-t-il mis en garde. Pour ce qui est de la prière du Icha, Battikh a rappelé que la Tunisie applique depuis les temps immémoriaux la doctrine hanafite selon laquelle cette prière ne peut être accomplie valablement qu’après s’être totalement assuré de la tombée de la nuit.
Le Mufti est par ailleurs revenu encore une fois sur la controverse qui enfle dans certaines mosquées au sujet de la Qibla au point, selon lui, de provoquer une aversion des prieurs pour l’accomplissement du rite dans les lieux de culte. Pour lui, la solution est pourtant simple: en cas de doute sur la direction exacte de la sainte Kaaba pour une mosquée donnée, consulter l’Institut national de la météorologie, parce que suffisamment outillée pour apporter une réponse crédible.
En tout état de cause, le Mufti admet une légère marge d’erreur vers la gauche ou vers la droite, arguant que la qibla exacte n’est strictement exigible que dans l’enceinte du Haram de Makkah Al-Moukarramah où se trouve la sainte Kaaba. Le ministre des Affaires religieuse, Noureddine Khademi, a admis lui aussi l’existence d’une polémique dans les mosquées au sujet des horaires de prières mais qu’il a imputée à des différences d’appréciation charaïque et d’ijtihad (effort d’interprétation), appelant à privilégier le consensus sur cette question, “dans l’intérêt de la nation”.
Un ingénieur de l’INM présent à cette journée d’études a expliqué aux participants sur quels critères l’institut se base pour déterminer les horaires de prières d’une manière scientifique et en ne perdant pas de vue les commandements de la Charia et de la Sunna (la relation des faits et gestes du Prophète). Les propos du Mufti ont été fortement contestés par l’imam Mohamed Hentati selon qui le retardement de la prière du Sobh d’une heure ne peut que faciliter la vie aux fidèles, entre autres pour leur laisser plus de temps d’être prêts pour le rite de la prière après avoir fini le shour (ultime collation avant le début du jeûne) et les ablutions rituelles).