Le paradoxe des prénoms de nos enfants

youssef-seddick-tunisie-le-tempsNous nous sommes rendus, mon amie réalisatrice et moi, à Tozeur ces derniers jours pour un premier repérage avant le tournage d'un court-métrage se passant dans cette région des oasis. Les personnages principaux sont des jeunes filles entre 15 et 17 ans, belles, un tantinet espiègle et surtout maîtrisant le bagou et l'accent du pays.

Nous nous sommes entretenu en présence de sa tante qui nous l'a présentée avec une jeune lycéenne qui semblait nous convenir en tout point. Nous avons seulement été un peu déçus d'apprendre qu'elle se prénommait Hadîl (Roucoulement), l'un de ces prénoms très en vogue, venus tout droit des plus mauvais feuilletons turco-syriens… Mon amie cinéaste a exprimé sa déception : " Dommage ! Dans notre scénario, tu vas te prénommer Mbarka ! "

— Quel drôle de hasard ! s'exclame la tante. En fait, elle s'appelle en réalité Mbarka… Sauf qu'elle ne veut plus en entendre parler. Tout le monde se moque d'elle au lycée, dit-elle, pour avoir à porter un prénom aussi vielliot… " Et dire qu'à La Marsa, Carthage, les chics Menzah et autres Cités Nasr, des prénoms antiques reviennent à la mode : Sélima, Hafça, Khadija, Aïcha, et l'éternel Fatma !

Source: Le Temps