Tunisie : Réaction critique de “Moody’s” au limogeage du gouverneur de la BCT

L’agence de notation américaine “Moody’s” a eu une réaction critique vis-à-vis de la décision de l’assemblée nationale constituante (ANC) de démettre le gouverneur de la banque centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli. Dans une mise au point qu’elle vient de publier, l’Agence affirme que cette décision a “un impact négatif sur la notation de la Tunisie, déja classée BBB- et porte également, atteinte à la crédibilité de la BCT, en tant que facteur clé dans la notation souveraine de la Tunisie.

Cette décision va encore, ébranler les investisseure, déjà nerveux à la suite de la révolution de l’année dernière” . “A un moment de fragilité économique et de transition politique vers la démocratie, le remplacement du gouverneur de la banque centrale après des semaines de tensions politiques au sein de la Troika qui gouverne le pays, donne un mauvais signal aux partenaires de la Tunisie. Il crée aussi, une incertitude quant à l’avenir de la politique monétaire de la Tunisie”.

“Moody’s” considère que “le nouveau gouverneur, M.Chedly Ayari va avoir besoin de temps pour se familiariser avec les principaux problèmes auxquels est confrontée la BCT. Sa nomination pourrait être à l’origine de nouveaux retards dans la réalisation des réformes nécessaires dans le secteur bancaire, telles que la restructuration des banques publiques et le renforcement de la supervision bancaire”.

L’Agence interprète le limogeage de M.NABLI “comme un moyen pour le gouvernement d’intervenir dans le secteur financier et bancaire et potentiellement compromettre l’indépendance de la banque centrale, ce qui peut s’avérer critique pour la stabilité macro-économique”.

Economiquement, “le pays n’as pas encore agit en matière de réformes et autres mesures à même de soutenir une croissance économique qui pourrait générer des emplois pour les jeunes du pays et favoriser le développement régional”. Bien qu’à la suite de la destitution de M.Nabli, l’ANC ait exprimé le soutien à l’indépendance de la banque centrale, Moody’s estime que ” cela ne suffit pas à rassurer les opérateurs économiques aux plans interne et externe. Et même si nous continuons à croire que la Tunisie bénéficie d’une administration dirigée par des technocrates compétents, il est possible que certains dirigeants politiques au sein du gouvernement provisoire soient tentés de remettre à plus tard les réformes, ..jusqu’aux prochaines élections”.

Cette procrastination ne serait pas, d’après l’agence, compatible avec la notation de la Tunisie qui se situe 2 rangs en-dessous de la catégorie “Investment grade”, car les fondamentaux du crédit du pays n’ont cessé de se détériorer au cours des derniers 18 mois. “La manière dont les autorités réagissent dans cet environnement fragile, sera la clé de notre évaluation de la Tunisie. il est également important de permettre aux technocrates d’agir de manière décisive sur les réformes clés”, précise-t-elle. Enfin, Moody’s indique “suivre de près quelles réformes seront mises en oeuvre, avant les nouvelles élections…”.

WMC/TAP